Survie en cas d'arrêt cardiaque

Massage externe par les témoins et défibrillation automatisée externe

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Publié le 05/12/2016
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arret cardiaque

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Crédit photo : PHANIE

Lors des derniers Entretiens de Bichat, le Dr L. Lamhaut (DAR - SAMU de Paris, Hôpital Necker), a fait le point sur les recommandations 2016 sur l'arrêt cardiaque.

Celles de l'European Resuscitation Council (ERC) ont été publiées en octobre 2015 et pour cinq ans. De nouvelles procédures scientifiques rigoureuses ont été mise en place par l'ERC. Elles ont permis de préciser le niveau de preuve des recommandations.

Trouble du rythme ventriculaire

En cas d'arrêt cardiaque inattendu, en l'absence de cause évidente (traumatisme, noyade, suicide, fausse-route…), on parle de mort subite, et la cause sous-jacente est présumée cardiaque. La première cause de mort subite est la survenue d'un trouble du rythme ventriculaire compliquant une cardiopathie ischémique.

L'épidémiologie de la mort subite est peu documentée en France. Grâce à la collaboration étroite de tous les acteurs pré-hospitaliers, les morts subites survenant à Paris et petite couronne sont colligées dans un registre spécifique. En 3 ans, l'incidence des morts subites a été d'environ 50 à 70 cas pour 100 000 personnes et par an (Bougouin W, et coll. Intensive Care Med 2014;40:846–854). Il s'est agit le plus souvent d'hommes 7 fois sur 10), d'un âge moyen de 65 ans, l'arrêt étant survenu à domicile dans 75 % des cas. Un témoin était présent dans 80 % des cas, mais il n'a commencé le massage cardiaque qu'une fois sur deux.

Défibrillation automatisée externe

L'amélioration de la survie des victimes de mort subite repose essentiellement sur l'activation immédiate de la « chaîne de survie » et sur la mise en œuvre rapide des mesures de réanimation cardio-pulmonaire de base. Parmi ces mesures, la pratique du massage cardiaque externe par les témoins et le recours rapide à la défibrillation automatisée externe constituent les pierres angulaires de la prise en charge initiale. Ces mesures sont simples et la généralisation de leur apprentissage au sein de la population devrait désormais constituer une priorité de santé publique. Succédant à cette prise en charge initiale et constituant le dernier maillon de la « chaîne de survie », la réanimation cardio-pulmonaire spécialisée nécessite l'expertise d'une équipe médicale préhospitalière, et la poursuite de soins appropriés lors de la phase hospitalière précoce.
Les recommandations insistent sur la mise en œuvre de la réanimation cardio-pulmonaire et de l'alerte des intervenants volontaires formés à la RCP et disponibles à proximité. L'importance des échanges entre le régulateur médical et le témoin de l'arrêt cardiaque qui réalise la RCP et la mise en œuvre rapide d'un défibrillateur externe est considérée comme cruciale. Le régulateur réalise alors un véritable « coaching » des premiers témoins par téléphone pour la recherche d'une respiration agonique et la pratique des compressions thoraciques. Les régulateurs doivent être formés pour apporter cette assistance.

Compressions thoraciques


L'identification d'un arrêt cardiaque devant une victime inconsciente et qui ne respire pas ou qui ne respire pas normalement doit faire immédiatement commencer la RCP.
Les compressions thoraciques (MCE) doivent commencer sans délais et doivent être interrompues le moins souvent possible. Chez l'adulte, il est souhaitable que les compressions thoraciques aient une profondeur d'au moins 5 cm sans dépasser 6 cm. Le rythme des compressions doit être d'au moins 100 par minute, avec un maximum de 120. Après chaque compression, il faut laisser le thorax se relâcher totalement. Les interruptions doivent être aussi rares que possible et ne pas durer plus de 5 secondes. Pour minimiser ces interruptions lors de la RCP, on ne vérifie plus la présence d'un pouls et immédiatement après le choc et on reprend les compressions thoraciques. Les sauveteurs entraînés à réaliser des insufflations peuvent ajouter aux compressions thoraciques les insufflations, ce qui peut améliorer le pronostic. Le ratio entre les compressions et la ventilation reste de 30 compressions thoraciques pour deux insufflations soit 30/2.
La défibrillation, enfin, est toujours considérée comme indispensable, cette affirmation disposant d'un niveau de preuves indiscutable. Une défibrillation réalisée dans les 3 à 5 minutes après l'arrêt cardiaque est susceptible d'améliorer les chances de survie de 50 à 70 %. La défibrillation peut être réalisée par les témoins en utilisant des défibrillateurs se trouvant sur place et en libre accès.

Dr Gérard Bozet

Source : Le Quotidien du médecin: 9540