L ES syndicats de salariés signataires de l'accord sur la santé au travail - CFDT, CFTC et CFE-CGC - souhaitent enterrer définitivement l'idée controversée du patronat de faire participer des généralistes libéraux au suivi médical de certains salariés pour pallier le déficit actuel en médecins du travail.
A l'occasion de la première réunion de la commission de suivi de l'accord, qui se tient aujourd'hui, la CFDT souhaite faire démarrer le groupe de travail qui sera chargé du dossier.
Pour Jean-Paul Peulet, de la CFDT, l'idée de recourir à des praticiens libéraux pour des visites médicales constitue en effet « un boulet à enterrer au plus vite ». Le Dr Bernard Salengro, président du Syndicat général des médecins du travail affilié à la CFE-CGC, estime pour sa part que les signataires de l'accord du 19 décembre ont déjà « abandonné, étranglé » ce « brûlot » du Medef en conviant au groupe de travail l'Ordre national des médecins, l'un des plus farouches opposants à ce projet.
Moins de places
au concours de l'internat
Quant à la CGT, qui n'a pas paraphé l'accord sur la santé au travail, elle s'apprête à déposer au tribunal de Paris un recours en annulation contre ce texte. Ce syndicat reproche aux signataires de l'accord d'avoir manqué aux « règles de loyauté » en ne réunissant pas l'ensemble des organisations syndicales lors du dernier « round » des négociations en décembre dernier.
Malgré tout, la mise en œuvre de l'accord des partenaires sociaux semble avancer assez vite, puisque le ministère de l'Emploi et de la Solidarité leur a déjà livré, dans une « note de cadrage », les suites qu'il souhaitait donner au texte : en particulier la mise en place d'un « mécanisme complémentaire de formation et de recrutement » pour favoriser la reconversion de praticiens libéraux à la médecine du travail, et certaines mesures statutaires visant à garantir l'indépendance des professionnels (« le Quotidien » du 21 février).
En attendant, le gouvernement ne semble rien faire pour augmenter le numerus clausus en médecine du travail, au grand dam de l'Intersyndicat national des internes des hôpitaux (ISNIH), pour qui l'internat classique est la seule voie d'accès légitime à cette spécialité. Dans le projet soumis dernièrement à la Commission nationale des études médicales, le ministère de tutelle prévoit en effet de retirer 20 places en médecine du travail au concours d'internat classique (66 en 2001 contre 86 en 2000) et d'augmenter d'autant le nombre de postes à pourvoir au concours d'internat européen (159 cette année contre 139 en 2000). « Les deux tiers des médecins du travail sont maintenant formés par le concours européen, relève le Dr Anne-Gaëlle Andrieu, vice-présidente de l'ISNIH. Or le concours européen avait été créé [en 1991, NDLR] en attendant la hausse du numerus clausus . C'est une solution temporaire qui a du sens mais qui doit rester temporaire. »
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