Mesures contre la pénurie de médecins du travail : les syndicats restent sceptiques

Publié le 04/03/2001
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L ES projets de la ministre de l'Emploi et de la Solidarité pour combler le déficit en médecins du travail (« le Quotidien » du 2 mars) laissent sceptiques les syndicats des praticiens de cette spécialité.

A l'issue de la dernière réunion en date du Conseil supérieur de la prévention des risques professionnels, Elisabeth Guigou a annoncé que son ministère régulariserait encore des médecins du travail qui exercent sans les diplômes requis en entreprise ou en service inter-entreprises. Elle a précisé que cette régularisation, dont bénéficient déjà 556 médecins depuis le dispositif légal du 1er juillet 1998, serait « limitée dans le temps » et qu'une « formation de qualité » serait dispensée aux médecins concernés.
Pour le Dr Jean-Paul Duléry, secrétaire national du Syndicat national professionnel des médecins du travail (SNPMT), il est cependant « affligeant » de recourir à « une énième régularisation » de généralistes recrutés en tant que médecins du travail. Le SNPMT rappelle que « 300 médecins du travail partent en retraite chaque année » et que la pénurie de professionnels s'élève, selon ses estimations, à « 750 ou 1 000 postes équivalents temps plein », et non pas 500 comme l'indique le ministère. Le Dr Duléry espère donc du gouvernement « un engagement politique et moral » pour « assurer une filière suffisante en internat classique ».

La CGT : il manque 2 000 médecins

Le collectif national des médecins du travail de l'UGICT-CGT, animé par le Dr Gilles Seitz, souhaite également une nette augmentation du nombre de postes d'internes en médecine du travail, d'autant qu'il manque, selon lui, 2 000 professionnels. Or le nombre de places dans cette filière est maintenu à 225 en 2001, comme l'an passé, tout en évoluant au profit du concours de l'internat européen. En effet, ce concours, qui permet depuis quelques années aux médecins à diplôme européen ainsi qu'aux praticiens français exerçant depuis au moins trois ans de se reconvertir à la médecine du travail, offrira 159 places en 2001, contre 66 à l'internat classique.
Le SNPMT accueille cependant favorablement la régionalisation du concours européen, qu'il réclamait, car « les contraintes de déplacement et de coût » limitent, selon lui, les candidatures vers la médecine préventive.
Le Dr Bernard Salengro, président du Syndicat général des médecins du travail (SGMT-CGC), estime aussi que la régionalisation du concours européen est sans doute « plus souple et plus pratique ». Il pense pour sa part que la régularisation de généralistes exerçant en médecine du travail est nécessaire.
Les syndicats de médecins du travail se montrent dans l'ensemble satisfaits du discours d'Elisabeth Guigou sur les orientations générales de la médecine du travail, en particulier concernant la primauté de la loi et des responsabilités de l'Etat sur les négociations des partenaires sociaux. Le collectif de l'UGICT-CGT et la SNPMT ont apprécié l'ouverture de la ministre sur la remise en cause de la pertinence des aptitudes (actuellement, un médecin du travail décide si un salarié est apte ou non à un poste et non si le poste est adapté au salarié).
Toutefois, les syndicats de médecins du travail restent perplexes face à un éventuel allégement des missions des professionnels, pour l'instant « très flou ».

Agnès BOURGUIGNON

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6869