L E foie est le siège le plus fréquent des métastases du cancer colo-rectal. Cinquante pour cent des patients atteints de cancer colo-rectal (tous stades confondus) ont des métastase hépatiques qui, dans 15 à 25 % des cas, existent déjà au moment du diagnostic.
Aujourd'hui, le seul geste potentiellement curatif, la résection chirurgicale des métastases hépatiques, prend une importance de plus en plus grande dans le traitement du cancer colo-rectal.
Cependant, la plupart des patients atteints d'un cancer colo-rectal ont des métastases hépatiques non résécables en raison de leur nombre, de leur taille, de leur répartition à l'intérieur du foie (atteinte des deux lobes), d'une infiltration aux structures de voisinage (branches de la veine porte, veines hépatiques...).
L'arrivée récente de protocoles chimiothérapiques plus efficaces, capables d'induire une régression tumorale importante, a rendu possible la réalisation d'une chirurgie secondaire hépatique chez des patients dont les lésions avaient été jugées non résécables.
Chimiothérapie à base d'oxaliplatine
L'oxaliplatine (Eloxatine®) est un sel de platine de troisième génération différent de ses précurseurs (cisplatine et carboplatine) par son spectre d'activité, son absence de toxicité rénale, et dont l'efficacité clinique vis-à-vis du cancer colo-rectal a été reconnue.
Les essais menés dans le cancer colo-rectal métastasé montrent qu'une chimiothérapie comportant l'oxaliplatine en association avec le 5-fluoro-uracil (5FU) et l'acide folinique permet d'obtenir une régression tumorale importante, de s'assurer de réponses de longue durée et de doubler le nombre de patients éligibles pour une résection secondaire des métastases hépatiques (1).
L'expérience acquise dans la stratégie associant chimiothérapie cytoréductrice première à base d'oxaliplatine et résection hépatique secondaire a confirmé la faisabilité de cette approche combinant deux modalités thérapeutiques et son efficacité sur la survie à long terme.
Les travaux récents du centre hépato-biliaire de l'hôpital Paul-Brousse (Villejuif, France) montrent qu'une chimiothérapie par oxaliplatine associée au 5FU et à l'acide folinique, suivie d'une résection chirurgicale, améliore la survie, confirmant ainsi les résultats d'études cliniques menées chez des patients qui présentent des métastases hépatiques initialement non résécables, notamment celle de S. Giachetti et coll. parue en 1999 dans les « Annales d'Oncologie ».
Dans la série du centre hépato-biliaire de l'hôpital Paul-Brousse, 701 patients atteints d'un cancer colo-rectal métastatique jugé d'emblée inopérable ont été traités par une chimiothérapie systémique et revus à intervalles réguliers afin de réévaluer la résécabilité de leurs lésions. Chez les 95 patients qui ont reçu une chimiothérapie à base d'oxaliplatine, les lésions sont devenues opérables : tous ont subi une chirurgie hépatique curative, 29 % ont fait l'objet d'une résection mineure, 71 %, d'une hépatectomie majeure.
Seulement 23 % des patients ont présenté des complications postopératoires, le plus souvent des épanchements liquidiens spontanément résolutifs ; 39 des 95 patients étaient vivants au terme d'un suivi d'une durée moyenne de 4,2 ans et aucune récidive n'a été constatée chez 64 % d'entre eux.
Ces résultats démontrent qu'une chimiothérapie par oxaliplatine associée au 5FU et à l'acide folinique, suivie d'une résection chirurgicale des métastases hépatiques, retentit sur la survie à long terme : 34 % des patients sont vivants à 5 ans, alors que, chez les patients qui n'ont pas subi de résection, le taux de survie n'excède pas 5 % (2).
Pour le Pr Harry Bleiberg (institut Jules-Bordet, centre des tumeurs de l'université libre de Bruxelles), « la chimiothérapie de première ligne à base d'eloxatine a apporté la preuve de sa capacité à faire régresser les métastases hépatiques à un degré autorisant leur résection, le bénéfice obtenu sur la survie étant probablement comparable à celui observé lors d'une résection hépatique réalisée d'emblée ».
Conférence de presse organisée par les Laboratoires Sanofi-Synthélabo et présidée par le Pr Harry Bleiberg (institut Jules-Bordet, Bruxelles).
1) Armand et coll., « Seminars in Oncology », 2000, vol. 27 (suppl. 10) ; pp. 96-104.
2) P. Rougier et coll. (« Br. J. Surg. », 1995, vol. 82, pp. 1397-1400).
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