Mieux dépister le syndrome métabolique chez un patient souffrant de troubles psychiatriques

Publié le 19/11/2018
syndrome métabolique

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Crédit photo : PHANIE

Le dépistage systématique et la surveillance en routine du syndrome métabolique s’imposent chez les malades atteints de troubles psychiatriques, notamment chez les schizophrènes et les patients bipolaires. C’est la conclusion d’une étude de cohorte menée par Ophélia Godin (Inserm, Institut Mondor de recherche biomédicale) qui s’appuie sur les bases de données cliniques, appelées FACE (French Advance Center of Expertise) de la Fondation FondaMental. Celle-ci regroupe 43 centres experts qui ont reçu, depuis leur création, près de 12 000 patients atteints de troubles bipolaires, de schizophrénie, de dépression résistante et de syndrome d’Asperger.

Ophélia Godin rappelle que dans les maladies psychiatriques, les comorbidités constituent la règle plutôt que l’exception, notamment le syndrome métabolique qui multiplie par 3 le risque de mortalité cardiovasculaire et par 5 le risque de développer un diabète de type 2. Ce syndrome est souvent asymptomatique sur le plan clinique et le diagnostic est difficile du fait d'anomalies métaboliques dont les valeurs seuils sont inférieures au seuil pathologique. Or, souligne Ophélia Godin, c’est l’ensemble d'anomalies métaboliques cliniques et bioloqiques (présence de trois items parmi les suivants : TA élevée, obésité abdominale, taux élevé de triglycérides, cholestérol HDL bas et glycémie élevée) qui en pose le diagnostic clinique.

Chez les patients psychiatriques, la prévalence de ce syndrome est deux fois plus élevée que dans la population générale (chez qui elle est de 10 % chez les hommes, et de 7 % chez les femmes). L’étude des Centres Expert Fondamental indique une prévalence du syndrome métabolique en France chez les schizophrènes à 24,2 %,  les bipolaires à 20 % et chez les patients avec une dépression résistante à 38 %.

Mode de vie, habitudes alimentaires, tabagisme...

Les facteurs prédisposants au développement d'un syndrome métabolique chez les patients atteints de troubles psychiatriques ont été identifiés dans cette étude, à savoir :  sexe masculin, âge avancé, pathologie de longue durée, maladie bipolaire avec des épisodes de caractère saisonnier, la prise d'antipsychotiques et dépression.

En cause : un mode de vie délétère, avec de mauvaises habitudes alimentaires, un manque d’activité physique (due à l’absence d’emploi et à un isolement social), et un tabagisme accru (trois fois plus important que celui de la population générale). Le rôle des traitements, variable, est également considéré (prise de poids, aggravation du profil lipidique). De plus, il existe une réelle susceptibilité à l’apparition des troubles métaboliques dans les maladies psychiatriques, possiblement en lien avec des perturbations endocriniennes et un dysfonctionnement du système immuno/inflammatoire.

Enfin, l’enquête montre que ces comorbidités ne sont pas bien prises en charge puisque 2/3 des patients ne sont pas traités correctement pour les pathologies cardio-métaboliques.

D’où selon les auteurs l’importance du dépistage, de l’éducation des patients, de la formation des professionnels, et des recommandations sur les bonnes pratiques visant à améliorer l’hygiène de vie.

Conférence de la Fondation FondaMental 14 novembre 2018 « Syndrome métabolique dans les troubles bipolaires et la schizophrénie » 

Dr Alain Dorra

Source : lequotidiendumedecin.fr