Mort subite : dans plus de la moitié des cas, des symptômes avant-coureurs le mois précédent

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Publié le 14/01/2016
MORT SUBITE

MORT SUBITE
Crédit photo : PHANIE

La mort subite ne serait pas une fatalité. Plus de la moitié des patients qui meurent subitement présenteraient des signes avant-coureurs dans le mois qui précède l'arrêt cardiaque, ce qui laisserait largement le temps d'intervenir, selon une étude Inserm publiée dans « Annals of Internal Medicine » et menée en collaboration avec le Cedars-Sinai Heart Institute de Los Angeles. Alors que la survie après arrêt cardiaque reste faible, l'étude suggère des pistes pour améliorer les choses.

La mort subite correspond à la survenue d'un trouble du rythme ventriculaire. Dans 85 % des cas, le trouble du rythme survient dans le cadre d'une maladie coronaire, pour moitié dans le cadre d'un infarctus du myocarde (IDM) en voie de constitution, pour moitié dans le cadre d'antécédent d'IDM.

Environ 15 % des arrêts cardiaques se produisent en raison de maladies congénitales ou acquises, les cardiomyopathies. Quelques cas (2-4 %) sont en rapport à des anomalies électriques sur cœur structurellement sain, des canalopathies par exemple type Brugada.

 

839 patients entre 2002 et 2012

 

Tout l'intérêt de l'étude repose sur le très gros travail d'enquête pour reconstituer l'histoire dans les 4 semaines précédant l'arrêt cardiaque chez 839 patients ayant eu un arrêt cardiaque entre 2002 et 2012.

« Nous avons contacté tous les hôpitaux de la région de Portland, au nombre de 16, explique le Dr Éloi Marijon, épidémiologiste et cardiologue à l'hôpital Européen Georges Pompidou (AP-HP), alors en poste outre-atlantique. Mais aussi tous les médecins traitants et cardiologues. Puis nous avons resserré l'enquête auprès de la famille, des proches et des témoins ».

La douleur thoracique était le symptôme le plus fréquent, devant l'essoufflement à l'effort et les syncopes. Chez la très grande majorité des patients (93 %), les symptômes se sont reproduits la veille de l'arrêt cardiaque. Le Dr Marijon précise que dans deux cas sur trois les DT étaient caricaturales d'un problème cardiaque avec une douleur intense en étau. « Mais elle avaient été intermittentes jusqu'à la survenue de l'arrêt », explique-t-il.

Seulement 81 patients (19 %) ont fait appel aux urgences, l'équivalent du SAMU (15) en France, pour leurs symptômes avant-coureurs la veille. Pourtant ceux qui ont appelé les secours, avaient 6 fois plus de chances de survie, c'est-à-dire ≥ 30 % de survie par rapport à 6 %, pour ceux n'ayant pas appelé.

Pour le Dr Marijon, l'étude adresse un message à la fois au grand public et à la communauté médicale. « Il faut informer et faire passer le message d'aller consulter et de le faire rapidement en cas de DT, insiste le Dr Marijon. Mais le monde médical doit aussi progresser et mieux identifier les sujets les plus à risque. Certains patients venus consulter pour syncope la veille ont été renvoyés à domicile. Notre étude est la démonstration qu'il n'y a pas que la prévention à long terme, il y a aussi la prévention subaiguë. »

Pour le cardiologue parisien, le développement des nouvelles technologies, et de la médecine connectée en particulier (e-Health), pourrait être autant d'outils pour identifier les sujets à risque et intervenir grâce des systèmes de géolocalisation. 


Source : lequotidiendumedecin.fr