L ES syndromes myasthéniques congénitaux constituent des troubles hétérogènes provoqués par des défauts soit présynaptiques, soit synaptiques, soit postsynaptiques.
Récemment, on a identifié des syndromes provoqués par des mutations postsynaptiques - au niveau du récepteur de l'acétylcholine (AChR) - et des mutations synaptiques - au niveau de l'acétylcholinestérase. Toutefois, on n'avait encore jamais découvert de mutations au niveau présynaptique.
Une forme de syndrome présynaptique congénital est présente dès la naissance ou dans la période néonatale et se manifeste par une hypotonie, une ptôse des paupières de degré variable, une atteinte bulbaire sévère, source de dysphagie, une insuffisance respiratoire avec cyanose et épisodes d'apnée.
Apnées et risque de mort subite
Si les enfants survivent, les symptômes s'améliorent, mais, brutalement, il réapparaît des crises déclenchées par une infection, de la fièvre, de l'excitation, des vomissements ou de l'hyperactivité. Pendant ces crises, des épisodes d'apnée peuvent provoquer une mort subite ou une anoxie cérébrale. Entre les crises, les patients peuvent n'avoir que des manifestations myasthéniques légères, voire pas de manifestations du tout. Quand la faiblesse musculaire est absente, elle peut être provoquée rapidement par l'exercice. Les crises peuvent être prévenues ou atténuées par les anticholinestérasiques.
Ce syndrome a été décrit en 1960 par Greer et Schotland et, en 1975, Conomy et coll. l'ont appelé « myasthénie infantile familiale ». Mais, puisque tous les syndromes myasthéniques congénitaux peuvent être familiaux et être présents dans l'enfance, le terme « myasthénie infantile familiale » a prêté à confusion. On a donc choisi une nouvelle dénomination : le « syndrome myasthénique congénital avec apnée épisodique » (CMS-EA pour Congenital Myasthenic Syndrome).
Des décès dans la fratrie
L'étude publiée aujourd'hui dans les « Proceedings » de l'Académie des sciences américaine a porté sur cinq patients (dont quatre de sexe masculin), qui sont maintenant âgés de 26, 40, 5, 6 et 4 ans. Tous avaient des symptômes de myasthénie depuis la naissance ou la petite enfance mais des tests négatifs pour les anticorps antirécepteurs de l'acétylcholine ; tous avaient des crises brutales de faiblesse musculaire, paralysie bulbaire et apnée induite par l'exercice, la fièvre ou l'agitation.
Un des patients avait trois frères et sur atteints ; un autre en avait deux ; parmi ces cinq « parents », trois sont morts à l'occasion d'un épisode fébrile et un est mort brutalement, sans cause apparente.
Sans entrer dans les détails, les chercheurs ont trouvé, chez les cinq patients, des mutations du gène de la choline acétyltransférase (ChAT), enzyme qui catalyse la synthèse réversible d'acétylcholine à partir d'acyl CoA et de choline au niveau des synapses cholinergiques. C'est la première fois qu'on identifie une mutation du gène ChAT chez l'homme ; jusqu'à présent, on n'en avait décrit que chez la drosophile et chez le ver C. elegans.
Kinji Ohno et coll. « Proc Natl Acad Sci USA », 13 février 2001, pp. 2017-2022.
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