C OMME souvent face à des affections peu fréquentes, les études, bien que nombreuses, manquent de puissance statistique car elles portent sur insuffisamment de cas. C'est le fait des travaux cherchant à évaluer la fréquence des cancers associés aux dermatomyosites et aux polymyosites. Pour contourner cet obstacle, une équipe de médecins scandinaves, sous la houlette de Catherine L. Hill, a réuni les données épidémiologiques recueillies en Suède, Danemark et Finlande.
En analysant les diagnostics posés au cours des dernières années, il apparaît que chacune des deux affections est associée plus spécifiquement à certains cancers.
La dermatomyosite en premier lieu est fortement associée à des lésions néoplasiques (SIR-ratio d'incidence standardisée : 3). Au premier rang de celles-ci vient le cancer ovarien (SIR : 10,5), suivi des cancers pulmonaire (SIR : 5,9), pancréatique (SIR : 3,8), gastrique (SIR : 3,5) et colo-rectal (SIR : 2,5); les lymphomes non-hodgkiniens connaissent une SIR de 3,6. Ces données ont été obtenues à partir de 618 cas de dermatomyosites, parmi lesquels 198 ont déclaré un cancer. Chez ces derniers, 115 ont développé la lésion après le diagnostic de l'affection.
Neuf cent quatorze patients présentant une polymyosite ont été analysés dans le travail. L'incidence de cancers est moindre au cours de cette affection (confortant les données classiques) avec 137 cas découverts, dont 95 après diagnostic de l'affection initiale (SIR : 1,3). Ici une forte association a été mise en évidence avec trois affections malignes : les lymphomes non-hodgkiniens (SIR : 3,7), les cancers du poumon (SIR :2,8) et de la vessie (SIR : 2,4).
La fréquente découverte du cancer au moment du diagnostic, autorise les auteurs à formuler deux commentaires. En premier lieu, cette simultanéité justifie un bilan orienté d'emblée. Devant une dermatomyosite, il comprend scanner thoracique, Hemoccult, échographie ou scanner abdominal, examen gynécologique (ne négligeant pas les seins, SIR : 2,2). Bien sûr, puisque le risque demeure au fil des ans, cette surveillance ne doit pas être relâchée, si le bilan premier se révèle négatif. En cas de polymyosite, ces données sont également applicables, avec un bilan orienté vers les poumons, la vessie et les lymphomes non-hodgkiniens. Deuxième commentaire, même s'il n'est pas prouvé que le dépistage de la mortalité n'est pas affectée ou si la survie n'est pas prolongée, au moins la qualité de vie n'est pas obérée par l'évolution d'un cancer.
« Lancet », vol. 357, 13 janvier 2001, p. 85-86 et 96-100.
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