L A dernière année du siècle aura été bonne pour la démographie française, selon le bilan de l'INSEE*. Avec 778 900 naissances et 538 300 décès en France métropolitaine, l'accroissement naturel est de 240 000 personnes. La natalité a connu « un bond à défaut d'un boom », note Lionel Doisneau, avec 34 800 naissances de plus qu'en 1999. Une hausse de 4,7 % constante sur l'ensemble de l'année - il n'y a pas eu de pic autour du 1er janvier 2000 - et qui prolonge celle des deux années précédentes.
La France se place en tête de l'Union européenne pour la progression de la natalité, suivie par l'Italie (4,3 %) et l'Irlande (3,7 %), tandis que d'autres pays sont confrontés à une baisse des naissances (l'Allemagne, le Royaume-Uni et la Finlande, avec une diminution record de 3 %). Un résultat d'autant plus intéressant que le nombre de femmes d'âge fécond (entre 15 et 49 ans) est en baisse. C'est la fécondité qui progresse, en retrouvant, avec 1,89 enfant par femme (contre 1,79 l'année précédente) son niveau du début des années quatre-vingt. Elle augmente chez les femmes de moins de 30 ans, mais surtout chez celles de plus de 30 ans, l'âge moyen à la maternité augmentant encore, pour atteindre 29,4 ans.
Le mariage à la mode
Le nombre de mariages retrouve de même son niveau du début des années quatre-vingt, en dépassant la barre symbolique des 300 000 (304 300, exactement), en dessous de laquelle il se trouvait depuis 1983. Descendu jusqu'à 4,4 mariages pour mille habitants, le taux de nuptialité remonte à 5,2. Pour l'analyste de l'INSEE, il est possible que l'amélioration de la conjoncture économique ait relancé l'intérêt « fiscal » du mariage. Mariage qui, de plus en plus souvent, légitime au moins un enfant (dans trois cas sur dix, les enfants assistent aux noces de leurs parents). Reste qu'il faut attendre pour savoir si cette reprise, succédant à une baisse quasi ininterrompue depuis trente ans, sera durable.
La baisse du nombre de décès n'est que de 0,6 %, mais cache un recul net de la mortalité, puisque, compte tenu du vieillissement de la population, on aurait pu attendre 6 500 de décès de plus qu'en 1999. Les Français gagnent trois mois et demi d'espérance de vie à la naissance, celle-ci atteignant 75,2 pour les hommes et 82,7 pour les femmes. Le gain est dû à la baisse de la mortalité, surtout entre 55 et 65 ans pour les hommes, entre 75 et 85 ans pour les femmes. Et, là encore, les Français font mieux que l'ensemble de leurs voisins européens : en 1999, l'espérance de vie dans l'Union européenne est estimée à 74,6 ans pour les hommes et 80,9 ans pour les femmes. Quant aux centenaires, ils sont au nombre de 9 000, contre une centaine au 1er janvier 1901.
Enfin, la mortalité infantile se stabilise autour de 4,4 décès d'enfants de moins de 1 an pour mille naissances, après une baisse ininterrompue depuis cinquante ans.
* INSEE première, n° 757, février 2001.
La France de 2000 en chiffres
- Au 1er janvier 2001, la France métropolitaine comptait 59 millions d'habitants, 60,7 millions avec les départements d'outre-mer.
- 25,4 % de la population (15 millions de personnes) ont moins de 20 ans, 58,5 % (34,5 millions), de 20 à 64 ans, et 16,1 % (9,5 millions), 65 ans ou plus.
- L'indicateur conjoncturel de fécondité est de 1,89 enfant par femme.
- L'âge moyen à la maternité est de 29,4 ans.
- L'espérance de vie à la naissance est de 75,2 ans pour les hommes et de 82,7 ans pour les femmes.
- Le taux de mortalité infantile est de 4,4 pour mille.
- Le solde migratoire de 2000 est estimé à 55 000 personnes.
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