Narcolepsie : un nouveau médicament stimule la vigilance deux fois plus longtemps

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Publié le 03/04/2019
Narcolepsie

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Crédit photo : PHANIE

Selon une étude internationale randomisée de phase III, le solriamfetol est une option thérapeutique très efficace pour réduire la somnolence et améliorer la vigilance chez les patients atteints de narcolepsie. Ces résultats sont publiés dans « Annals of Neurology ».

Contrairement aux médicaments déjà disponibles qui inhibent pour la plupart uniquement les transporteurs de la dopamine, le solriamfetol inhibe également les transporteurs de la noradrénaline.

« L'amplitude d'effet sur la somnolence rapportée par les patients et les tests objectifs est très importante avec ce nouveau mécanisme », indique au « Quotidien » le Pr Yves Dauvilliers (INSERM/Centre national de référence narcolepsie et hypersomnie de Montpellier), co-auteur de l'étude.

Un effet dose-dépendant

Près de 240 patients ont été inclus. Plusieurs doses de traitement ont été évaluées : 75 mg, 150 mg et 300 mg. Les deux critères principaux, basés sur le test de maintien de l'éveil (Maintenance of Wakefulness Test, MWT) et l'échelle de somnolence d'Epworth (Epworth Sleepiness Scale, ESS), ont été atteints pour les deux plus fortes doses, mais pas pour la plus faible dose, témoignant d'un effet dose-dépendant.

Lors d'un test maintien de l'éveil, les patients sont amenés à réaliser une série de quatre tests de 40 minutes au cours desquels ils doivent lutter contre le sommeil dans un contexte propice à l'endormissement (lumière tamisée…). « En général, les narcoleptiques s'endorment au bout de 12 minutes en moyenne en prenant en compte les quatre tests », note le Pr Dauvilliers. Le solriamfetol prolonge le temps avant endormissement de 12,2 minutes pour une dose de 300 mg et de 9,8 minutes pour 150 mg (contre 2,1 minutes avec le placebo). « Le solriamfetol double la capacité à rester éveillé, précise le Pr Dauvilliers. Avec le modafinil par exemple, le temps avant endormissement est augmenté de 2 à 3 minutes selon les études ».

Le recours à l'échelle de somnolence d'Epworth basé sur un autoquestionnaire sur le vécu des patients montre également une amélioration.

L'étude montre que ce médicament est efficace sur les deux types de narcolepsie (avec ou sans cataplexie). De plus, « une autre étude a montré que ce même médicament est également efficace pour la somnolence dans l'apnée du sommeil. Il semblerait que le solriamfetol puisse traiter la somnolence quelle qu'en soit la cause », ajoute le Pr Dauvilliers.

Le solriamfetol est par ailleurs associé à un bon profil de tolérance. Quelques effets indésirables ont néanmoins été rapportés, tels que céphalées, nausées et augmentation de la pression artérielle élevée. « L'effet sur la pression artérielle est plus important avec la dose de 300 mg », relève le Pr Dauvilliers.

Une AMM espérée pour novembre

Pour lui, « la limite de cette étude est d'avoir comparé le solriamfetol uniquement à un placebo et non à d'autres molécules actives ».

Alors que la Food and Drug Administration a autorisé le 20 mars dernier le solriamfetol pour le traitement de la somnolence liée à la narcolepsie ou l'apnée du sommeil, l'agence européenne du médicament devrait rendre son avis d'ici à novembre.

« La narcolepsie étant une maladie rare - elle concerne 10 000 à 20 000 personnes en France -, il est essentiel que les patients soient orientés vers les centres de référence lorsque la prise en charge classique n'est pas suffisante », conclut le Pr Dauvilliers.


Source : lequotidiendumedecin.fr