En Pologne, l'IVG n'est autorisée, depuis 1993, que dans trois cas : risque pour la vie ou la santé de la mère, examen prénatal indiquant une grave pathologie irréversible chez l'embryon, et grossesse résultant d'un viol ou d'un inceste. Cette loi avait été considérée à l'époque comme « un compromis » entre l'Église et l'État.
Aujourd'hui les autorités polonaises veulent durcir cette loi et plus de trois mille personnes ont manifesté samedi à Varsovie devant le siège du Parlement pour protester contre le projet qui viserait à interdire totalement l'avortement en Pologne.
Réunis à l'appel d'une alliance regroupant plusieurs ONG féministes et partis de gauche, les manifestants ont brandi des banderoles proclamant : « L'enfer des femmes continue » et « Sauvons les femmes ».
« Assez, c'est assez », ont scandé les manifestants qui ont apporté des cintres en fil de fer, utilisés autrefois pour pratiquer des avortements illégaux. « C'est le symbole d'un procédé pratiqué autrefois. Je ne veux pas qu'en Pologne les femmes soient de nouveau condamnées à ce genre de souffrances et de dangers », a déclaré Julian Damentko, 34 ans, qui manifestait à Varsovie. « Je veux que les femmes en Pologne aient le même choix que dans des pays civilisés où le droit à l'IVG est une norme », a ajouté Urszula Kwasna, 37 ans.
Dans le texte qui doit être soumis au Parlement, avec un fort soutien de l'Église catholique, l' IVG sera interdite également en cas de viol ou de malformation du fœtus et sera uniquement autorisée pour préserver la vie de la mère. La peine maximale pour la personne qui pratique l'avortement sera portée à 5 ans de prison contre 2 ans actuellement.
Le chef du parti conservateur au pouvoir PiS (parti Droit et Justice), Jaroslaw Kaczynski, et la Première ministre Beata Szydlo ont, d'ores et déjà, exprimé leur soutien à ce projet qui, pour être débattu au Parlement, doit réunir encore 100 000 signatures. Ses adversaires ont lancé leur propre collecte de 100 000 signatures, pour déposer une proposition de loi en sens inverse, libéralisant l'avortement jusqu'au troisième mois de la grossesse.
Selon les estimations des organisations féministes, entre 100 000 et 150 000 femmes procéderaient clandestinement à une IVG chaque année, soit en Pologne, soit dans des cliniques allemandes, slovaques ou autrichiennes. Le nombre d'avortements autorisés en Pologne, pays de 38 millions d'habitants, oscille entre 700 et 1 800 par an.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature