L 'ETUDE ObEpi 2000 a été menée en avril et mai 2000 auprès de 26 982 adultes français représentatifs de la population générale pour évaluer la prévalence du surpoids et de l'obésité dans notre pays. Elle fait suite à ObEpi 1997, réalisée trois ans plus tôt avec une méthodologie identique.
La comparaison des deux enquêtes montre une progression du surpoids (IMC > 25kg/m2 et < 30kg/m2) et de l'obésité (IMC > 30kg/m2) sur un laps de temps relativement court (3 ans). La population française (de 15 ans et plus) a grossi en moyenne de 0,8 kg (68,4 ± 13,7 kg en 1997 et 69,2 ± 14,1 kg en 2000) ; ce qui correspond à une élévation de 0,3 kg/m2 d'IMC. L'augmentation de poids affecte tous les sujets avec un déplacement global de la population vers des valeurs plus élevées. L'hypothèse d'un biais dû à une simple fluctuation d'échantillonnage est démentie par les moyennes et les distributions de la taille absolument identiques entre les deux échantillons. La proportion des sujets qui présentent un surpoids ou une obésité passe de 36,7 à 39 %, soit un peu plus de 17 millions de Français. On compte désormais plus de 4,2 millions d'obèses (près de 3,6 millions en 1997), ce qui correspond à une progression de 17 % : 650 000 personnes sont devenues obèses entre 1997 et 2000, dont 20 000 présentent une obésité morbide (IMC > 40 kg/m2).
Tous concernés
Parallèlement, les sujets maigres (IMC < 18,5 kg/m2) ou normo-pondérés (IMC > 18,5 et < 25) sont devenus moins nombreux : - 8 % de femmes maigres.
Chez l'homme, c'est principalement la prévalence du surpoids qui est en hausse. Elle a augmenté modérément (+ 3 %) entre 1997 et 2000. Chez la femme, la prévalence de l'obésité a fortement augmenté (+ 20 %) pendant la même période.
En outre, il est logique de s'interroger sur la responsabilité du vieillissement de la population dans cette évolution. Or il semble bien que toutes les tranches d'âge (excepté les jeunes hommes de 15 à 24 ans) soient touchées par la progression de l'obésité ; même si celle-ci est plus nette chez la femme que chez l'homme, surtout au-delà de 45 ans.
Par ailleurs, les retraités constituent la catégorie le plus à risque. Cela s'explique par l'âge et par l'inactivité. On retrouve une distribution parallèle à celle de 1997, avec néanmoins une augmentation du poids dans toutes les catégories socioprofessionnelles. La prévalence de l'obésité a progressé de 1 % chez les employés et de 1,8 % chez les inactifs.
En outre, dans les deux enquêtes, on observe une relation inverse entre le niveau d'instruction et la prévalence de l'obésité : les personnes qui ont poursuivi des études supérieures au-delà du 3e cycle ont trois fois moins de risque de présenter une obésité que celles du niveau du BEPC. Il en est de même concernant le surpoids. Parallèlement, l'obésité est moins fréquente chez les personnes qui ont des revenus plus élevés. Enfin, c'est en région parisienne que l'on observe la moindre prévalence de l'obésité et dans les villes de moins de 2 000 habitants qu'elle est la plus importante. Néanmoins, le différentiel entre ces deux catégories d'agglomération se réduit.
25 % des Français ont un risque métabolique
Outre l'IMC, le tour de taille est un moyen simple d'évaluer le tissu adipeux abdominal. Les valeurs de 100 cm pour l'homme et de 90 cm pour la femme, quel que soit l'âge, ont été retenues pour indiquer une accumulation excessive de tissu adipeux viscéral, facteur de risque de diabète de type 2 et de maladies cardio-vasculaires. Une augmentation du tour de taille de 1,6 cm a été observée entre 1997 et 2000 (p < 0,001). Ainsi, un quart de la population présente une surcharge pondérale à risque métabolique, soit 9,7 millions de personnes.
Les données ObEpi 2000 fournissent, en outre, une photographie des facteurs de risque cardio-vasculaire observés chez les obèses : 30 % d'entre eux sont hypertendus, 20 %, hyperlipidémiques, et 16 %, tabagiques. Ces chiffres sont assez semblables à ceux retrouvés dans d'autres études nord-américaines. « Comme le montrent les résultats de la Swedish Obesity Study, qui est la plus importante étude européenne, "l'obésité à la française" n'est pas plus néfaste que "l'obésité anglo-saxonne" en termes de facteurs de risque », a précisé le Pr Arnaud Basdevant (Hôtel-Dieu, Paris). « Il faut prendre en charge les facteurs de risque chez le sujet obèse avec les mêmes principes et la même énergie que chez les non obèses, comme il importe de prendre en compte chez les sujets hypertendus et/ou diabétiques la contribution de l'obésité au problème métabolique. »
Les résultats des deux enquêtes ObEpi ont le mérite de montrer clairement l'importance croissante du surpoids et de l'obésité en France, phénomènes que l'on ne peut plus ignorer.
Conférence de presse organisée par l'institut Roche de l'obésité.
L'institut Roche de l'obésité
Acteur très impliqué dans la lutte contre l'obésité, Produits Roche s'est engagé, en 2000, auprès des experts et des praticiens français en créant l'institut Roche de l'obésité. Son objectif, favoriser le développement et la diffusion des connaissances sur l'obésité.
Régulièrement, l'institut Roche de l'obésité propose au corps médical des outils pratiques pour l'examen clinique des patients obèses (mesure de l'obésité abdominale, calcul de l'IMC). Pour faciliter la formation des médecins, il met, en outre, à la disposition de ceux-ci un cédérom réalisé par le Pr Basdevant, qui aborde les aspects pédagogiques et scientifiques de l'obésité. Par ailleurs, il a mis en place un programme de formation continue des médecins généralistes (« Un poids, des mesures »). En outre, l'institut réalise des publications à partir des grands congrès scientifiques qu'il diffuse au corps médical. Les enquêtes ObEpi témoignent de la volonté de l'institut de faire progresser les connaissances dans le domaine du surpoids et de l'obésité. Enfin, l'institut soutient concrètement différents projets de recherche clinique et fondamentale. En avril 2001, il organisera, à Paris, pour la première fois, une journée scientifique qui réunira plus de 350 experts.
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