Obésité : il faut contrer l'épidémie

Publié le 21/01/2001
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LA SANTE EN LIBRAIRIE

C 'EST sur un constat alarmant que les auteurs commencent leur livre : « L'obésité est désormais une "épidémie globale"  ». Autrement dit, comme ils l'expliquent dans leur introduction en s'appuyant largement sur les chiffres, non seulement l'obésité gagne peu à peu tous les pays, mais elle le fait selon une « progression galopante ». Et les victimes de cette épidémie sont non seulement menacées dans leur santé, mais considérées comme « coupables de leur maladie », elles font l'objet de discriminations un peu partout, y compris à l'hôpital.

« La situation n'est pas bloquée » pour autant, estiment les auteurs, qui, pour en convaincre leurs lecteurs, vont faire un état des lieux des connaissances scientifiques sur le surpoids. Celui-ci va se situer, on s'en doute, à l'intersection de l'environnement et des gènes, selon des combinaisons aussi passionnantes que complexes.
On a ainsi confirmation du fait que le monde entier suivant, les Etats-Unis sur la voie de la sédentarisation et de la déstructuration de l'alimentation, les suit aussi, parfois jusqu'à les dépasser, sur la voie de l'obésité à un âge de plus en plus tendre. Et ce sont les classes sociales les plus défavorisées qui sont les plus touchées.
On explore ensuite les voies digestives, enzymatiques et hormonales qui mènent des aliments aux nutriments et des nutriments au tissu adipeux. On constate l'indépendance que peuvent prendre les modes alimentaires par rapport aux besoins, également bousculés par ces pathologies alimentaires que sont les boulimies, anorexies et autres syndromes de restriction alimentaire. Les peurs alimentaires actuelles, dont les auteurs soulignent le caractère bien souvent irrationnel, n'arrangent rien.

Une inégalité fondamentale

La complexité croît au fur et à mesure que les auteurs entrent dans « la mathématique des gènes ». Toute récente que soit cette science appliquée à l'obésité, elle a déjà acquis des notions d'importance, d'abord en montrant l' « inégalité fondamentale entre les êtres humains à résister à la suralimentation et donc à contrôler leur poids ». En révélant « le rôle fondamental de la leptine », en mettant en évidence « trois ou quatre types d'obésités qui se développent à la suite de la mutation d'un gène unique », en découvrant d'autres gènes influents sur le contrôle du poids, elle a peut-être fait le plus simple. Car les mécanismes ainsi déchiffrés peuvent eux-mêmes être contrés ou modifiés par d'innombrables voies, elles-mêmes génétiques et environnementales. Darwin et Lamarck vont eux aussi entrer en lice, réconciliés autour de l'obésité, vraisemblable fruit de la sélection naturelle et de l'épigenèse.
Le clinicien est tout aussi présent dans cet ouvrage qui précise les particularités de l'obésité à chaque âge. C'est ainsi que l'on va voir les bébés hypotrophiques devenir des adultes gros ou obèses ; des adolescents résister efficacement à tous les efforts de leurs familles et de leurs médecins pour contrôler leur poids ou, au contraire, fondre de façon durable moyennant une longue patience de la part de tous ; des adultes aller de régime en régime vers une obésité croissante et son cortège de maux physiques et psychiques ou, parfois, reprendre une alimentation riche et voir leur poids céder ; des sédentaires grossir en se mettant au sport, contrairement à ce qui s'observe le plus souvent...

L'espoir de la nutrigénétique

Certes, il est difficile aujourd'hui de démêler avec précision, dans la plupart des cas, ce qui revient aux gènes, à l'environnement et à leur interaction. Certes, il est difficile aujourd'hui de libérer les obèses d'un surpoids qui menace leur santé et leur vie sociale, faute de traitements adaptés à la plupart des cas.
D'ores et déjà, pourtant, il y a beaucoup à faire. Les auteurs ne sauraient se contenter de l'espoir de voir l' « essoufflement épidémique » et l' « adaptation évolutive » venir à bout en quelques générations de cette « flambée d'obésité ». Ils comptent essentiellement sur la « nutrigénétique », selon le terme proposé par la généticienne Claudine Junien. Thérapeutique de l'avenir, cette nouvelle discipline devrait faire la synthèse des facteurs qui conditionnent, pour un individu donné, ses réactions pondérales, pour en déduire un programme nutritionnel et une hygiène de vie qui, dès aujourd'hui, peut prévenir efficacement l'obésité dans bien des cas, et parfois, de plus en plus souvent dans les prochaines années, pour prescrire un traitement adapté.
S'ils sont optimistes, voire enthousiastes, devant les résultats déjà obtenus à ce jour, notamment par des chercheurs français, les auteurs fustigent vigoureusement le désinvestissement des pouvoirs publics, « choquant et incompréhensible », en matière de recherche et de prise en charge de l'obésité, cet incontestable problème de santé publique. Ce livre, adressé au grand public, atteindra-t-il les autorités ainsi visées ?

« La Planète obèse », Philippe Froguel, Patrick Sérog, Fabrice Papillon, NiL éditions, 275 pages, 129 F (19,67 euros).

Bien manger pour bien se porter

A côté des innombrables livres de régimes et des alertes aux dangers de l'alimentation, on peut aussi trouver des livres qui font de la nourriture un plaisir et une source de santé. L'un résulte de la rencontre entre un médecin et un grand cuisinier et multiplie idées et conseils culinaires. Un autre propose des recettes gastronomiques adaptées à différents problèmes de santé. Un troisième s'adresse aux futures et jeunes mères qui comptent sur le bio pour bien se porter et faire des bébés bien portants. Un quatrième enfin fait de la « nutrimédecine » une voie privilégiée de santé pour la population.

« La Cuisine à vivre », Frédéric Saldmann et Michel Guérard, Editions 1, 327 pages, 119 F.
« Tout savoir sur la gastronomie qui améliore votre santé », Dr Agnès Amsellem, Favre, 115 F,196 pages, 115 F (17,53 euros).
« Mon bébé bio », Ralf Moll et Ute Schain-Emmerich, Terre vivante, 113 pages, 85 F.
« La nutrimédecine », Michel Massol, P.U.F., 126 pages, 59 F.

Dr Dominique BRILLAUD Dr D. B.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6839