Annoncé depuis un an déjà, un projet de décret maintient l'obligation de prescription sur ordonnances sécurisées pour les seuls médicaments classés comme stupéfiants. Lorsqu'il paraîtra, ce décret marquera la fin d'un long feuilleton commencé en 1999.
Depuis le 1er octobre 1999, en effet, les ordonnances sécurisées ont remplacé les carnets à souche pour toutes les prescriptions de stupéfiants. A l'origine, il était prévu que l'usage des ordonnances sécurisées deviendrait obligatoire un an plus tard (au 1er octobre 2000) pour l'ensemble des prescriptions médicales ordinaires. Mais cette généralisation des ordonnances sécurisées a fait l'objet de deux reports successifs face à l'opposition des médecins libéraux qui trouvent cette mesure coûteuse, peu pratique et dangereuse en raison du risque de multiplication des agressions pour vol.
Le projet de décret satisfait le premier syndicat de médecins de famille, l'UNOF-CSMF, qui dénonce « l'inutilité » des ordonnances sécurisées pour toutes les prescriptions et leur « surcoût important » au regard des prescriptions imprimées à partir d'un ordinateur. Le syndicat MG-France a donné de même un avis favorable au texte.
Il reste que ces deux syndicats s'inquiètent face à une éventuelle extension de ce dispositif « aux médicaments contenant des substances psychotropes classées par arrêté, ou, plus généralement, aux médicaments à fort pouvoir addictif », comme l'envisage le ministère de la Santé dans un courrier. « A suivre avec attention, car sur quels critères ces thérapeutiques seront-elles sélectionnées : le prix, le volume ou l'utilité médicale ? », commente l'UNOF dans sa dernière lettre envoyée à ses adhérents.
MG-France vient d'écrire à la direction générale de la Santé pour « réitérer sa ferme opposition à tout élargissement de l'usage de ce support sécurisé pour d'autres produits [...] même sur une éventuelle liste restreinte ». Ce syndicat de médecins généralistes « considère que la meilleure sécurisation de l'usage des médicaments passe par la mise en place d'une coordination de l'ensemble des prescripteurs, autour d'un médecin généraliste librement choisi par chaque patient et impliquant fortement le pharmacien de proximité ». Cette coordination, poursuit MG-France, permettrait à la fois d' « éviter les interactions entre ordonnances multiples (hôpital, spécialistes ou généralistes libéraux) » et d' « améliorer la prise en charge efficace des patients concernés par l'addiction aux produits stupéfiants avec une règle "un patient, un prescripteur, une officine", sans exposer inutilement la totalité des généralistes [...] ».
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