CLASSIQUE
Par Olivier Brunel
L A vie du compositeur italien Giuseppe Verdi (1813-1901) couvre presque un siècle entier. Son abondante production comporte essentiellement des opéras (pas moins de 29 titres) et de la musique religieuse, dont le célèbre « Requiem ». Il n'y aura pas que les maisons d'opéra qui rendront hommage au compositeur, heureusement, car l'hommage est mince, souvent symbolique avec un seul opéra dans la saison, pas plus que d'habitude.
Au Palais Omnisports de Paris-Bercy un spectacle audiovisuel, « Verdi, une passion, un destin », sera présenté les 9 et 10 mars 2001 (1). Avec Jean Piat dans le rôle de Verdi et 250 exécutants, ce spectacle a l'ambition de retracer la vie et le parcours artistique du musicien à travers son uvre et au fil d'un entretien imaginaire filmé dans la maison de Verdi à Busseto, nourri de l'abondante correspondance et de la littérature sur le sujet. L'orchestre du Teatro Regio de Turin, plusieurs churs et de nombreux solistes, participeront aux séquences musicales de ce spectacle. Celui-ci partira ensuite en tournée en France puis en Europe et au Japon.
L'Auditorium du Louvre consacre sa programmation de musique filmée à « Verdi et ses légendes » (2). Ce sera l'occasion de voir, le 4 mars à 20 h30, dans d'excellentes conditions techniques, des documents rares comme « Le Trouvère » avec Leyla Gencer, Fedora Barbieri, Ettore Bastianini et Mario Del Monaco en 1957 à Milan, film précédé d'extraits de « Une nuit à l'Opéra », où les Marx Brothers sabotent une représentation de cet opéra, un classique dont on ne se lasse pas !
A l'Opéra de Paris dont la saison lyrique a commencé par la reprise de « Nabucco » dans la salle de la Bastille, on pourra également y voir celle d'un « Don Carlo » dans sa version italienne en quatre actes, spectacle très cohérent produit par Graham Vick.
C'est un spectacle assez sombre, parfois même d'une beauté glaçante, dans lequel l'autodafé vient comme une tache de couleur. La direction d'acteurs cherche à cerner au plus près le profil psychologique de chaque protagoniste et ne tire jamais vers la facilité. Certaines scènes paraissent un peu perdues sur le vaste plateau à peine délimité par quelques panneaux praticables mais le jeu des chanteurs en tient toujours compte pour aller droit au but. Les costumes de Tobias Hoheisel sont superbes : d'une fantaisie à la Goya pour les dames de la Cour, hauts en couleurs pour le peuple et d'une austérité caractérisant bien la rigueur de l'étiquette à l'Escurial pour la procession de l'autodafé. Pour cette reprise, on affiche Sergei Larin, René Pape, Carlos Alvarez, Kristinn Sigmundsson, Marina Mascheriakova et Olga Borodina, une distribution dirigée par James Conlon qui, sans comporter de voix italiennes, paraît très solide (3).
Si le Théâtre du Châtelet n'affiche aucune mise en scène d'opéra de Verdi, il propose en revanche un très beau cycle d'opéras en concert avec « Otello », dirigé par Myung-Whun Chung avec José Cura et Karita Mattila les 26 et 29 mars, « Falstaff » avec J.-P Lafont et Hillevi Martinpelto dirigé par John Eliot Gardiner les 25, 27 avril et 3 mai, et le « Requiem » par l'Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam, dirigé par Riccardo Chailly avec Barbara Frittoli, Violeta Urmana, Aquiles Machado et Orlin Anastassov le 31 mai(4).
Enfin, l'Orchestre de Paris et son Chur sous la direction de Georges Prêtre donneront le même « Requiem » les 28 et 29 mars à la salle Pleyel avec comme solistes Hasmik Papian, Iris Vermillon, Marcello Giordani et Francesco d'Artegna (5).
(1) Tél. 0.803.030.031. Minitel Palais Omnisports de Paris-Bercy FNAC. Internet : www.ticketnet.fr.
(2) Auditorium du Louvre (01.40.20.84.00) du 1er au 15 mars. Tarif des séances : 30 et 22 F. Site internet : www.louvre.fr.
(3) Opéra-Bastille (08.36.69.78.68) les 16, 19, 22, 28, 29, 31 mars et 3 et 7 avril à 19h30 ; le 25 mars à 15 h. De 60 à 670 F.
(4) Châtelet (01.40.28.28.40). De 70 à 670 F.
(5) Orchestre de Paris (0.825. 000.821 et 01.45.61.65.89) les 28 et 29 mars à 20 h. De 120 à 380 F.
Un festival à Parme
Hormis quelques commémorations ponctuelles, comme l'ouverture de La Scala de Milan le 7 décembre dernier par une version musicologiquement expurgée du « Trouvère », qui a valu au maestro Riccardo Muti d'être chahuté par des spectateurs frustrés, seul, en Italie, le Teatro Regio de Parma propose un événement Verdi. Il a commencé par le « Requiem » le jour anniversaire de sa mort et comportera des mises en scènes de « Un bal masqué » (février), « Le Trouvère » (avril), « Simon Boccanegra » (juin), « Rigoletto » et « La Traviata » (juillet), « Macbeth » (octobre). Des soirées de gala avec des solistes internationaux ainsi qu'une soirée du New York City Ballet (avec des chorégraphies réglées par Balanchine, Robbins, Martins sur des musiques de Verdi) complètent ce programme.
On peut y lire les noms de chefs tels Abbado, Pid[151], Rizzi, Metha et même Gergiev qui se déplacera avec les forces du Théâtre Kirov-Marinsky de Saint-Pétersbourg.
Teatro Regio di Parma. Tél : 00.39.0521.218678. Fax : 00.39.0521.206156. Internet : www.teatroregioparma.org . E-mail : info@teatroregioparma.org.
Et aussi
En France
Chorégies d'Orange (04.42.17.34.34) : « Aïda », mise en scène Nicolas Joël, direction Eliahu Inbal (les 7 et 10 juillet) ; « Don Carlo », les 11 et 14 août, mise en scène C. Roubeau, direction E. Inbal ; « Rigoletto », les 25 et 28 juillet, mise en scène P.E Fourny, direction Marco Guidarini ; « Requiem », le 22 juillet, direction M.W. Chung.
Festival d'Aix-en-Provence (04.42.17.34.34) : « Falstaff », mise en scène H. Wernicke, direction E.P. Salonen (juillet).
Opéra de Nice (04.83.85.30.60) : « Falstaff », du 20 au 28 février.
Opéra de Marseille (04.91.55.34.34) : « Les Lombards à la première croisade », du 20 au 31 mars.
Opéra de Montpellier (04.67.60.78.68) : « Attila », du 25 mars au 3 avril.
A l'étranger
« Otello », à La Monnaie de Bruxelles (00.32.70.233.939), direction Pappano, mise en scène Willy Decker, avec Sergei Naida, Tom Fox et Susan Chilcott, les 20 et 22 février à 20 h, le 25 à 15 h.
« Il Trovatore », à l' Opéra de Monte-Carlo (00.377.92.16.64.73), direction Pinchas Steinberg, avec Roberto Alagna, les 8, 11 et 16 mars.
« Macbeth », à La Monnaie de Bruxelles (00.32.70.233.939), avec Jean-Philippe Lafont et Sylvie Valayre, du 7 au 30 juin.
« Falstaff », au Festival de Salzbourg, avec Bryn Terfel (00.43.662.80.45), du 27 juillet au 16 août.
« La Femme Silencieuse », de Richard Strauss, au Châtelet
Zweig et Strauss dans la légèreté
Le Châtelet présente, en coproduction avec les opéras de Vienne et de Dresde, « la Femme silencieuse », opéra-comique de Richard Strauss sur un livret de Stefan Zweig, sous la direction de Christoph von Dohn[135]nyi, avec Natalie Dessay dans le rôle titre.
L 'UVRE lyrique de Richard Strauss, à grande majorité d'essence mythologique, est jalonnée d'uvres plus légères comme « Intermezzo », « Fridenstag » ou cette « Femme silencieuse », son onzième opéra, une pochade-bouffe sur le thème du mariage, composé entre 1931 et 1935 dans une Allemagne en plein tourment politique.
En lisant ce livret - Strauss savait choisir ses librettistes, dont Zweig n'est pas le moindre à côté d'Hofmannsthal ou de Max Gregor -, on pense irrésistiblement à « Don Pasquale », au « Barbier de Séville » et même à « Falstaff », tant la farce ridiculise le barbon qui convoite une jeunette et se retrouve berné. Sir Morosus, misanthrope et de surcroît ennemi du bruit, se laisse séduire par une jeune fille de la plus grande réserve mais qui, dès le contrat de mariage signé, se révèle être une mégère du genre bavard !
Zweig a pris son canevas chez l'Anglais Ben Jonson, et Strauss s'est régalé à composer au point d'orfèvre cette comédie qui, dans la légèreté, allait plus loin que son prologue d'« Ariane à Naxos ».
Créée à Dresde en 1935 contre vents et marées (Zweig était juif), sous la direction de Karl Böhm, l'uvre dut être retirée de l'affiche sitôt après la première. Zweig ne survécut pas à son exil sud-américain et l'opéra resta confidentiel jusqu'à ce qu'en 1959, Böhm lui redonne un élan nouveau au Festival de Salzbourg (avec Hans Hotter, Hermann Prey, Hilde Güden et Fritz Wunderlich). Elle reste cependant, même en Allemagne, une curiosité du répertoire dont il ne faut pas manquer l'aubaine lors de ces représentations parisiennes. L'uvre n'avait pas été montée depuis les représentations de 1983 sur la même scène dirigées par Marek Janowski et mises en scène par Tobias Richter. Pour ce retour, le Châtelet a emprunté la production du Wiener Staatsoper et du Sächsische Staatsoper Dresden, réalisée par Marco Arturo Marelli, que dirigera à la tête du Philharmonia Orchestra un habitué de la maison, le chef allemand Christoph von Dohn[135]nyi. Günter Missenhardt chantera Sir Morosus et Natalie Dessay, qui l'a chantée à Vienne, sera Aminta, l'insupportable femme faussement silencieuse.
Châtelet (01.40.28.28.40) les 24, 27 février, 2, 5 et 8 mars à 19 h 30 ; le 11 mars à 16 h. Prix des places : de 60 à 670 F. L'Avant-Scène Opéra vient de consacrer à cette uvre son numéro de janvier (n° 199), comme toujours parfaitement documenté avec une riche iconographie.
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