ANTIQUITES
PAR FRANÇOISE DEFLASSIEUX
O N reconnaît au passage des noms devenus familiers aux Parisiens : Broussais, Baudelocque, Bichat, Laennec... et quelle est la bourgade de France qui ne possède sa « rue Pasteur » ?
Les médecins s'écrivent entre eux, signent des ordonnances et des consultations émaillées de détails peu ragoûtants et de réflexions qui nous semblent aujourd'hui naïves ou pittoresques, mais ne sont que les tâtonnements au fil desquels la médecine a progressé.
En 1762, Antoine Petit, pour soigner une malade mentale, recommande de lui faire prendre un bain dont « l'eau lui viendrait jusqu'aux seins... On raseroit la tête avant de commencer les bains, et sur cette teste rasée on laisseraot tomber de haut un filet d'eau froide... »
Une quinzaine d'années plus tard, Mauduit de la Varenne soigne la paralysie par l'électricité, mais se méfie tout de même de traitement tout nouveau dont on attendait des merveilles : « Nous sommes encor bien loin de connoître au juste la valeur de l'électricité et si la lenteur que je mêts dans mes raports a cet égard m'expose aux reproches des entousiastes, je m'en consolerai fort aisément par le témoignage de ma conscience » (2 500/3 000 F).
En 1835, une ordonnance du Dr Alibert, ancien médecin de Louis XVIII, recommande de traiter le rhume par un bon chocolat « qui est parfait pour la poitrine ».
Mais la sommité de cette vente, avec pas moins de huit lettres estimées entre 5 000 et 40 000 F, c'est le professeur Laennec, célèbre inventeur du stéthoscope, dont on lira avec surprise et intérêt un long rapport de consultation de 1824 concernant un patient bordelais atteint d'un catarrhe pulmonaire.
Laennec préconise une forme de thalassothérapie qui laisse un peu perplexe : le malade doit avoir sa chambre « placée au dessus d'une étable » dans une maison « où l'air de la campagne et les vents d'ouest arrivent librement... Avec autour de lui des corbeilles de varech ou de goémon.... Pour les bains, on préférera l'eau de mer ».
On rencontre une femme, une seule, dans ce défilé de quelque 400 praticiens. Il s'agit bien sûr d'une sage-femme, Marie-Victoire Boivin, qui rédige, en 1834, un compte rendu très « pro » de l'examen d'une patiente. Peut-être Mme Boivin avait-elle suivi les cours d'accouchement dispensés par Baudelocque aux élèves sages-femmes, sanctionnés par un examen et un certificat, dont parle le célèbre obstétricien dans un certificat délivré en 1809 à une demoiselle Grozier, « qui a répondu de manière satisfaisante aux diverses questions qui lui ont été proposées dans les examens qui ont eu lieu constamment à la suite de chacune de mes leçons... ».
Parmi ces documents, tous ne concernent pas directement la médecine. Une lettre de 1809 du Dr Henri Husson, qui vaccina plus tard le roi de Rome, nous apprend que la Société centrale de vaccine se trouvait alors à l'angle des rues Hautefeuille et du Battoir, et que, pour le mariage de l'empereur avec l'archiduchesse Marie-Louise, il a fait décorer la maison de deux ifs et d'un cordon d'illuminations.
Jeudi 8 mars, 14 h, hôtel Drouot, salle 9, PIASA (expert, Thierry Bodin).
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