Disparition

Pierre Fabre, un self made man devenu capitaine d’industrie

Publié le 20/07/2013

Le Fondateur du second laboratoire pharmaceutique indépendant de France est mort samedi matin. Pharmacien, il avait débuté en 1961 dans une officine à Castres, avant de développer le groupe que l’on connait : 10 000 salariés et près de 2 milliards de chiffre d’affaires. A l’annonce de son décès, de nombreuses réactions ont salué la mémoire de l’industriel.

Pierre Fabre, fondateur du laboratoire pharmaceutique du même nom, s’est étient samedi matin à son domicile de Lavaur (Tarn). Âgé de 87 ans, le chef d'entreprise est décédé à 10 heures du matin des suites d'une longue maladie. Né le 16 avril 1926, ce pharmacien a commencé sa carrière dans une officine qui existe toujours à Castres. En 1961, Pierre Fabre, qui a alors 35 ans, y invente le premier veinotonique et crée le laboratoire qui porte son nom. Cette entreprise est devenue un géant du secteur de la pharmacie et des cosmétiques avec 10.000 salariés et en perpétuel développement. La dernière apparition publique de Pierre Fabre eut lieu le 30 mai dernier pour accueillir le président de la République François Hollande, venu inaugurer l'extension d'une unité de production dermo-cosmétique du groupe à Soual tout près de Castres.

Dans un communiqué, le groupe pharmaceutique évoque une "tristesse incommensurable" et rend hommage à la volonté de son fondateur de maintenir l’indépendance du laboratoire et son ancrage régional dans le Tarn et la région de Castres. "Pour assurer l’avenir de l’entreprise et la mettre à l’abri de tous risques de démembrement ou de spéculation financière, il a légué ses actions à la Fondation Pierre Fabre reconnue d’utilité publique", rappelle le groupe. Les Laboratoires Pierre Fabre, second groupe pharmaceutique indépendant français, ont réalisé un chiffre d'affaires de 1,98 milliard d'euros en 2012, les ventes à l’international représentant 54% du total. Pierre Fabre est présent dans 42 pays et ses produits sont distribués dans plus de 130 pays.

Hommages à Paris et à Castres

L’annonce du décès de Pierre Fabre a été suivi de nombreuses réactions. A commencer par l’hommage du président de la République qui salue "un entrepreneur exceptionnel (...) constamment en avance sur son temps, ne cessant jamais d'innover, d'inventer, d'investir." Eloges aussi du côté de Bercy, Arnaud Montebourg qualifiant Pierre Fabre de "défenseur du patriotisme industriel". "Avec son décès, la France perd un capitaine d'industrie de grand talent qui a su faire rayonner l'excellence de la pharmacie française dans le monde", écrit le ministre du Redressement productif . Le Medef a également diffusé samedi un communiqué dans lequel son nouveau président fait état d’une "immense perte". "Pierre Fabre "a su diversifier et internationaliser le groupe sans jamais dévier de son ambition locale", poursuit Pierre Gattaz.

Mais c’est dans la région de Pierre Fabre que l’émotion était la plus perceptible. Du président de Midi-Pyrénées, Martin Malvy (PS), au chef de file des Radicaux de gauche Jean-Michel Baylet, patron du quotidien La Dépêche du Midi, en passant par le maire PS de Toulouse, Pierre Cohen, et un grand nombre d’élus de l'UMP et de l'UDI, tous se sont joints samedi à l'hommage à l'industriel. Emotion aussi au Castres Olympique, sacré champion de France de rugby cette année et dont Pierre Fabre était, de longue date, un fidèle soutien financier. "On a tous l'impression de perdre un membre de notre famille", témoignait l’ex-entraîneur de Castres, Laurent Labit.

Paul Bretagne (avec AFP)