Pinochet atteint d'une démence « légère à modérée »

Publié le 21/01/2001
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S EULE la démence peut exempter Augusto Pinochet d'un procès, aux termes de la loi chilienne. C'est dire combien l'expertise effectuée à ce propos par les médecins de l'hôpital militaire de Santiago était attendue par les quelque 208 plaignants qui ont déposé plainte contre l'ancien dictateur, pour des crimes commis sous son régime, entre 1973 et 1990, ainsi que par le magistrat qui instruit la procédure, le juge Juan Guzman, et, bien au-delà, par l'opinion publique internationale.

Or, si le rapport contresigné à l'institut médico-légal par les huit médecins, unanimes, qui se sont livrés à leurs examens trois jours durant, conclut bien à une démence, il la qualifie de « légère à modérée ». Selon le neurologue Jorgue Ferrer, l'un des experts, Pinochet, qui est âgé de 85 ans, souffre « d'une démence vasculaire sous-corticale ». Un spécialiste de l'hôpital de l'université du Chili, le Pr Archibaldo Donoso, rappelle que le terme de démence implique « l'existence d'une perte des capacités intellectuelles, de la mémoire, de la faculté de raisonner, de calculer et de parler. Cette perte de faculté ne reflétant pas simplement un processus de vieillissement empêche la personne qui en est atteinte de se livrer à ses activités quotidiennes ».
Selon le Pr Donoso toujours, Pinochet présente des lésions ou des hémorragies cérébrales non dans le cortex, mais à la base de son cerveau. Comme toute personne dans son état, il serait capable de converser, de remplir les actes de la vie courante, mais ne disposerait pas nécessairement de la capacité intellectuelle pour résoudre des problèmes complexes et, soumis à une vive tension nerveuse, pourrait être victime d'arythmie ou d'une lésion vasculaire cérébrale.
Après la publication du rapport, le juge Guzman a estimé que « nous sommes dans une phase très délicate et il convient d'être extrêmement prudent ». Le magistrat s'est gardé de faire état des conséquences de l'expertise sur la poursuite des procédures judiciaires engagées sous sa responsabilité.

Ch. D.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6839