T OUT est parti d'un constat empirique. L'association, chez quelques patients, de sévères réactions aux piqûres d'hyménoptères et d'une mastocytose. Une équipe munichoise s'est ainsi demandé s'il n'existerait pas une corrélation entre la gravité de la réaction anaphylactique et le taux sérique d'une enzyme, la tryptase, reflet de l'existence de l'affection dermatologique. D'autant qu'une augmentation temporaire de cette enzyme est constatée dans les heures qui suivent l'accident allergique.
L'étude qu'ont menée les Munichois chez des sujets allergiques aux piqûres d'abeilles et de guêpe, et qui est rapportée dans le « Lancet », montre la validité de leur hypothèse de départ. En effet chez 9 des 37 patients rapportant des réactions systémiques sévères après piqûre, les concentrations sériques de tryptase étaient élevées en permanence, tandis qu'une telle anomalie n'était présente que chez 3 des 77 sujets atteints de forme modérée ou intermédiaire.
Mastocytose cutanée
L'analyse va même un peu plus loin, retrouvant, chez la majorité des patients ayant une tryptasémie élevée, une mastocytose cutanée, non diagnostiquée dans 9 cas. Ainsi, 11 des 37 sujets fortement réactifs aux hyménoptères étaient atteints de mastocytose. Ce qui fait écrire à Dagmar Ludolph-Hauser et coll. : « La mastocytose est associée à un risque élevé de réaction anaphylactique sévère ». Cette relation que l'on croyait jusqu'à présent due au hasard, est, aux termes du travail allemand, bien de l'ordre de la cause à effet.
L'immunothérapie spécifique
Les auteurs poussent plus avant leurs conclusions. En raison de la survenue du décès, après piqûre, d'un des sujets atteint de mastocytose alors qu'il avait cessé son immunothérapie spécifique, ils suggèrent « un traitement prolongé à vie (par immunothérapie spécifique, NDLR) si une mastocytose est diagnostiquée chez les patients atteints de réactions anaphylactiques systémiques aux piqûres d'hyménoptères ».
Le travail qui a permis d'aboutir à ces conclusions a été mené auprès de 114 patients tous enrôlés sur un passé de réactions anaphylactiques systémiques après piqûre d'abeille ou de guêpe. Ils ont été répartis en trois groupes homogènes selon l'intensité des réactions. Dans le groupe A, 38 sujets présentaient des réactions généralisées cutanées ; le groupe B était composé de 39 personnes dont les réactions, bien que dépassant le stade cutané, n'ont pas entraîné de perte de conscience ; le groupe C, enfin, était constitué de 37 sujets dont la réaction à la piqûre mettait la vie en en danger, y compris les pertes de connaissance. Les dosages de tryptase ont été effectués, un taux dépassant 13,5 microg/l étant considéré comme élevé ; 12 (10 %) des 114 patients dépassaient ce seuil ; 9 (75 %) d'entre eux étaient atteints d'une forme sévère de réaction anaphylactique, alors que, parmi les 102 sujets à la tryptasémie inférieure au seuil fixé, 28 (28 %) présentaient ce même type de réaction.
« Lancet », vol. 357, 3 février 2001, pp. 361-362.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature