De notre correspondante
à New York
QUINZE consultations en pneumologie sur cent sont motivées par les pneumopathies interstitielles, un groupe hétérogène de pathologies chroniques qui touchent les parois alvéolaires et le tissu périalvéolaire. Leurs causes sous-jacentes sont souvent inconnues.
« Nos résultats fournissent un indice sur ce qui peut déclencher et perpétuer ces pathologies », estime, dans un communiqué, le Dr Nogee (Johns Hopkins Hospital, Baltimore) qui a dirigé les travaux. « Il nous faut mieux comprendre comment et pourquoi certaines personnes porteuses de mutations de ce gène développent ce type de maladie. Il est clair que la protéine C du surfactant joue un rôle important dans le poumon et, par conséquent, des anomalies dans ce gène et cette protéine pourraient être impliquées dans d'autres pneumopathies interstitielles. »
Le surfactant est constitué d'un mélange de lipides et de protéines qui permet de réduire la tension de surface et d'empêcher le collapsus pulmonaire en fin d'expiration. Le déficit en surfactant est la principale cause de détresse respiratoire chez les prématurés. L'incapacité de produire la protéine B du surfactant en raison d'une mutation homozygote dans le gène entraîne une maladie pulmonaire néonatale fatale.
Six semaines après la naissance
Nogee et coll. ont observé une enfant née d'une mère qui était affectée depuis l'âge de 1 an d'une pneumopathie interstitielle desquamative. Après l'accouchement, la mère a présenté une aggravation de sa maladie pulmonaire et elle est décédée d'une insuffisance respiratoire. Le grand-père maternel du bébé était lui aussi décédé d'une pneumopathie qu'il avait eue toute sa vie. Six semaines après la naissance, l'enfant développe une tachypnée avec cyanose, ainsi que des signes radiologiques et histologiques de pneumopathie interstitielle. Ses symptômes respiratoires s'améliorent sous oxygène et corticoides.
Une substitution hétérozygote
Ayant constaté à l'examen histologique du poumon, autant chez la fille que chez la mère, l'absence de la protéine C du surfactant et de son précurseur, Nogee et coll. ont examiné, chez elles, le gène de la protéine C du surfactant (gène SP-C).
Ils ont ainsi découvert une substitution hétérozygote dans le gène de l'enfant et de la mère. Cette substitution entraîne une délétion de la terminaison carboxylée de la proprotéine C du surfactant. Les chercheurs pensent que l'accumulation de la proprotéine anormale et le déficit en protéine C du surfactant pourraient être à l'origine de la maladie pulmonaire. Mais des études in vitro, ainsi que chez l'animal, évaluant les effets du gène muté seront nécessaires pour prouver que cette mutation provoque bien la maladie pulmonaire et pour clarifier le mécanisme.
Les futures études permettront aussi de déterminer avec quelle fréquence la pneumopathie interstitielle est associée à cette mutation ou aux mutations du gène SP-C.
« New England Journal of Medicine », 22 février 2001, p. 573.
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