De notre correspondant
L ES ambitions sociales de George W. Bush sont parfois surprenantes à plusieurs égards. Au poste de ministre des Affaires sociales, il a nommé un ancien gouverneur du Wisconsin, connu pour ses attaches avec l'industrie du tabac et ses convictions conservatrices. C'est pourtant le même homme, Tommy Thomson, qui expose sur le système de soins des idées plus généreuses que celles des démocrates.
Quand on lui fait remarquer qu'une grande réforme de Medicare prendra beaucoup de temps et nécessitera un vote du Congrès, M. Thomson ne désarme pas : « On peut toujours commencer par des mesures immédiates et aider ceux dont le revenu est trop bas ou dont la facture de médicaments annuelle est trop élevée pour qu'ils puissent attendre, explique-t-il. Et si le Congrès adopte une loi sur les médicaments prescrits par le médecin traitant, de quelle utilité sera-t-elle, dès lors que le reste du système ne fonctionne pas ? »
M. Thomson commentait le projet de budget, annoncé mercredi dernier par le président Bush, qui comprend une enveloppe pour les médicaments prescrits aux personnes âgées trop pauvres pour les acheter. Ce n'est pas la première fois que l'Amérique songe à réformer le système Medicare, qui est exemplaire dans la mesure où, depuis 1965, il assure automatiquement contre la maladie toute personne ayant atteint l'âge de 65 ans ou handicapée, soit 39 millions d'Américains. Mais il est aussi imparfait car, s'il couvre les dépenses d'hospitalisation, il laisse à la charge du patient le financement des traitements médicamenteux.
Comme pour tout ce qui concerne l'assurance-maladie, les élus n'ignorent rien de la complexité d'une réforme en profondeur et, en majorité, ils se prononcent pour des mesures complémentaires : financement des médicaments sur ordonnance, subventions aux assurances privées pour qu'elles prennent le relais de Medicare, modifications dans le système qui régit les paiements de Medicare aux hôpitaux et aux médecins de ville. « Nous savons que le Congrès veut avant tout adopter une loi sur les médicaments, déclare Tommy Thomson, mais le président Bush, conscient des pesanteurs parlementaires, veut être sûr que le gouvernement fédéral va immédiatement venir en aide à toutes ces personnes âgées qui ne peuvent pas payer les médicaments de leur poche ».
Cela dit, les assurances privées offrent déjà aux personnes âgées des contrats complémentaires (un peu comme le font les mutuelles en France) et les idées de M. Bush ne sont pas franchement révolutionnaires. Depuis 1997, une commission fédérale surveille le fonctionnement de Medicare ; elle vient de remettre au Congrès un rapport qui montre que les HMO (Health Maintenance Organizations, qui passent des contrats collectifs avec les patients) sont mieux subventionnées par Medicare que les cabinets de ville et les hôpitaux. Ce qui tend à prouver qu'une aide aux assurances privées risque de ne pas améliorer la situation. Le soutien de Medicare aux HMO n'empêche pas celles-ci de fermer parfois leurs portes : au cours de l'année dernière, les désistements de HMO ont obligé un million d'Américains à aller chercher une autre assurance-maladie.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature