Pour Sama, l'enfant d'Alep et de la révolution

Qu'avons-nous fait vous et moi pour sauver Alep, sa révolution tranquille et ses habitants prêts à tout pour bâtir un autre monde libéré de son tyran au moment où soufflait le vent léger des printemps arabes ? Rien, bien sûr, alors que nous sommes surinformés et ne pouvons dire, nous ne savions pas. Pour Sama, le film de Waad al-Kateab et Edward Watts est le film d'une génération. Celle du selfie et du narcissisme à tous crins mais aussi et surtout du courage et de l'esprit de résistance sinon de sacrifice. Waad al-Kateab était une jeune étudiante en économie. Elle est rapidement rattrapée par la contagion de la révolution puis le déclenchement de la guerre civile, tout en rencontrant l'homme de sa vie, un étudiant en médecine qui s'engage immédiatement dans l'aide aux victimes. C'est là l'originalité de ce témoignage conçu à partir des vidéos quotidiennes réalisées par Waad al-Kateab. Il réunit images de guerre et scènes intimes, images de mort cruelles, du désespoir d'une mère qui porte le cadavre de son enfant mais aussi celles de naissances des deux filles de la réalisatrice. Jamais la mort qui rôde ne bride le goût de la vie. C'est là aussi les limites de ce film où l'on n'apprendra pas grand-chose sur la complexité d'un conflit réduit à l'horreur distillée par les bombardements russes et les soldats d'Assad. Dominent l'horreur de la guerre au quotidien et la force morale exceptionnelle de ce jeune couple qui prend des risques insensés pour sauver l'idée de la liberté. Aujourd'hui que vais-je faire pour sauver les Kurdes ? Rien comme d'habitude ?