De notre correspondant
T ROIS CENTS personnes sont attendues pour la conférence régionale de santé de Rhône-Alpes, aujourd'hui et demain à Bron*. Après une première journée de bilan des programmes régionaux de santé (suicide, alcoolisation excessive, VIH), les résultats complets d'une étude sur les pratiques de prévention des généralistes seront au centre des débats de la seconde journée, qui doit définir les priorités régionales de prévention 2001-2005.
Cette enquête sur les activités en matière de prévention, plus précisément dans les domaines des modes de vie, du suivi gynécologique, de la prise en charge des personnes âgées et des addictions au tabac, à l'alcool et aux drogues, a été réalisée entre juillet et décembre 2000 à la demande de la DRASS. Quatre-vingts généralistes des huit départements de Rhône-Alpes adhérant au réseau de l'Association pour le développement de l'information médicale (ADIM) ont accepté d'y participer, soit 3 658 patients concernés, au total.
Aux yeux de la grande majorité (96,2 %) des généralistes interrogés, les patients sont à l'évidence « demandeurs d'informations ». Mais face à cette demande, les praticiens expriment un « sentiment d'efficacité » très variable selon les domaines : plus de 93 % pour le suivi vaccinal, 77,5 % pour le suivi gynécologique, 90 % pour la prise en charge des personnes âgées et 62 % seulement pour les modes de vie. Et ce sentiment de « jouer pleinement son rôle » est encore moins partagé pour ce qui concerne les addictions : la moitié des omnipraticiens dit se sentir efficace en la matière, et encore essentiellement pour le tabagisme. Car, concernant l'alcool et les drogues, moins de 20 % des généralistes déclarent avoir l'impression d'exercer une « pratique efficace » et 16,5 % appartiennent à un réseau de prise en charge de la toxicomanie.
Le manque de temps et d'argent
Au total, 25 % des généralistes se déclarent globalement satisfaits de leur rôle en matière de prévention. Ce score d'efficacité est significativement lié à la notion de travail en réseau, « le médecin se sentant davantage efficient dans ce type de collaboration », note l'enquête.
Comment expliquer ce sentiment d'insatisfaction largement répandu ? Les réponses des généralistes à une batterie de questions sur ce thème sont sans ambiguïté, qui stigmatisent majoritairement, mais indirectement, le mode de rémunération à l'acte : ce sont en effet une rémunération inadaptée (63,4 %), le manque de temps (58,6 % des cas), enfin, une formation insuffisante (27,9%), qui sont invoqués.
Quant aux différents outils de prévention, ils sont accueillis plutôt favorablement, avec, par ordre décroissant, les brochures (88,8 %), les questionnaires d'aide à la consultation (72,6 %), enfin, les médias (63,8 %). D'autres résultats intéressants concernent l'information du généraliste lui-même : plus de deux fois sur quatre, son unique source est l'industrie, et, plus de deux fois sur cinq, de façon associée, l'industrie, la presse et les institutions. L'enquête permet enfin d'évaluer à 21,9 % de la journée de travail le temps consacré aux actes de prévention et de dépistage.
* Espace Albert-Camus, 1, rue Maryse-Bastié, Bron (Rhône). Renseignements sur la conférence régionale et sur l'étude de l'ADIM à la DRASS de Rhône-Alpes. Tél. 04.72.34.74.12.
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