I L a déjà été montré que le CMV peut être transmis par le lait maternel, mais, parallèlement, que la morbidité induite chez les enfants nés à terme est infime. Toutefois, chez les enfants prématurés, des cas de pneumopathie inflammatoire ont été rapportés, ainsi que des neutropénies, des lymphocytoses, des thrombocytopénies et des hépatosplénomégalies.
Mais, à l'exception des pneumopathies, le lait maternel n'avait pas été mis en cause directement dans ces observations. Pour clarifier les choses, des médecins allemands ont donc décidé de mener une étude prospective, chez 151 femmes et leurs 176 enfants, nés avant 32 semaines ou pesant moins de 1 500 g.
Soixante-dix-huit femmes ont été retrouvées séropositives au CMV. 76 d'entre elles ont allaité leurs enfants, contre 69 femmes séronégatives. Chez les séronégatives, aucune réactivation d'un virus passé inapercu n'a été constatée dans le lait. Chez les séropositives, en revanche, une réactivation, signée par l'apparition d'ADN viral, puis de virus infectant dans le lactosérum, a été constatée dans 96 % des cas (73 femmes). Les auteurs indiquent que l'on peut pratiquement considérer cette réactivation comme systématique.
En ce qui concerne la transmission de l'infection, 33 enfants, nés de 27 femmes, ont contractés le CMV, soit un taux cumulé de transmission de 37 %. L'origine maternelle du virus est certaine, puisque les transfusions n'ont été effectuées qu'avec du sang séronégatif et que l'identité des souches de la mère et de l'enfant a été vérifiée. En outre, l'allaitement est bien en cause dans la transmission, puisque 87 % des enfants sont nés par césarienne, et que, dans le cas contraire, la possibilité d'ingestion de virus lors de l'accouchement a été exclue par des frottis négatifs en PCR.
Le facteur de risque de transmission identifié est l'apparition précoce du virus dans le lait maternel. Apparition de l'ADN viral dans le lactosérum, d'une part, avec un délai moyen de 3,5 jours après l'accouchement chez les femmes transmettrices, et de 8 jours chez les femmes non transmettrices. Apparition de virus infectieux, d'autre part, dans des délais de 10 et 16 jours, respectivement.
Une incubation de 42 jours
Le devenir des enfants, enfin. La durée d'incubation moyenne chez les nouveau-nés était de 42 jours, soit une durée équivalente à ce qui a été signalé chez les enfants nés à terme. Les infections, par ailleurs, sont restées asymptomatiques dans la moitié des cas environ. Mais un tableau de syndrome septique a été observé chez 4 enfants.
Les auteurs concluent que la transmission postnatale du CMV chez les prématurés a été sous-estimée et, surtout, que l'infection est plus fréquemment symptomatique que chez les enfants nés à terme. Ils indiquent que les enfants vont maintenant être suivis, avec l'intention de détecter d'éventuelles séquelles décrites pour des infections congénitales ou périnatales. Ils développent actuellement dans leur laboratoire une technique d'inactivation du CMV dans le lait maternel qui pourrait prévenir la transmission de l'infection aux prématurés les plus fragiles.
K. Hamprecht et coll. « Lancet », 2001 ; 357: 513-18.
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