DEUXIEMES RENCONTRES DE GERONTOLOGIE PRATIQUE 18-19 JANVIER 2001 - PARIS

Prévenir le risque ostéoporotique par l'apport en calcium et en vitamine D

Publié le 17/01/2001
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CONGRES HEBDO

« Le calcium et la vitamine D sont deux nutriments particulièrement impliqués dans la santé osseuse, notamment après 65 ans où apparaît une hyperparathyroïdie secondaire, explique le Dr Jean-Claude Souberbielle . Ce mécanisme physiologique habituel est lié à une balance calcique négative en raison d'une diminution des apports calciques, d'une diminution de l'absorption intestinale du calcium ou d'un déficit relatif en vitamine D, et même d'une baisse de la fonction rénale. Il s'ensuit une augmentation de la résorption osseuse, une diminution de la densité osseuse, notamment sur les sites corticaux avec augmentation du risque fracturaire. D'où l'intérêt d'un régime calcique et vitaminique D dans la prévention de l'ostéoporose. » (1)
En pratique, les apports calciques recommandés chez les sujets de plus de 65 ans sont plus élevés que chez les sujets plus jeunes, notamment chez la femme ménopausée, avec des apports optimaux calciques de 1 500 mg/j qui doivent s'inscrire dans des conditions alimentaires optimales, avec notamment un régime normal en fibres (pour optimiser l'absorption intestinale du calcium). « Néanmoins, remarque le Dr J-C Souberbielle, les apports calciques sont largement en dessous des apports recommandés. Plusieurs études récentes ont montré que les apports calciques chez des sujets de plus de 65 ans sont et de 800 mg/j chez l'homme et de 500 mg/j chez les femmes, voire inférieurs à 500 mg/j pour 30 % des femmes de plus de 65 ans. »
Le métabolisme phosphocalcique dépend en grande partie de la vitamine D puisqu'elle favorise l'absorption intestinale du calcium et de nombreux auteurs ont montré que les apports nécessaires en vitamine D sont de l'ordre de 500 à 800 unités. Et pourtant, les apports alimentaires en vitamine D sont très faibles en France, de l'ordre de 50 à 100 unités, sans compter que la synthèse cutanée liée à l'ensoleillement est très variable selon les latitudes. En outre, les données actuelles montrent que ces apports optimaux pourraient même être réévalués à la hausse pour différentes raisons : une diminution avec l'âge de la capacité de la peau à synthétiser de la vitamine D, une résistance progressive à l'action de la vitamine D, une altération de l'activité enzymatique qui permet de transformer le stock vitaminique D en un métabolite le plus actif, le 1,25 diOH-D3 (1,25-dihydroxycholécalciférol).
A cet égard, le Dr J-C Souberbielle insiste sur l'importance du dosage de la vitamine D, non pas celui-ci du métabolite actif (1,25 diOH-D3), mais celui du 25-diOH-D3 (25-dihydroxycholécalciférol), dosage actuellement abordable. Le seuil minimal de la concentration en vitamine D en dessous duquel on parle de carence ou d'insuffisance en vitamine D est fixé à 12 nanog/ml. Ce seuil est la valeur de vitamine D en dessous de laquelle existe une augmentation de la PTH (hyperparathyroïdie secondaire). Il pourrait également être réévalué à la hausse.

Le rôle des apports protidiques

Dans le cadre d'une dénutrition protidique, on sait actuellement qu'il existe une ostéoporose associée dont le mécanisme est différent de l'ostéoporose sénile par hyperparathyroïdie secondaire. Le facteur biologique le plus impliqué est l'IGF-I (Insuline like Growth Factor I) qui s'avère être un excellent marqueur de nutrition protidique (2). En effet, une diminution importante des apports protidiques entraîne un déficit en IGF-I qui est associé à une ostéoporose avec faiblesse musculaire et augmentation du risque fracturaire. « D'où l'intérêt d'un régime riche en protides, sans exagération toutefois, remarque le Dr J-C Souberbielle, sous peine d'augmenter la résorption osseuse via l'acidité induite par un excès de protéines. En pratique, un régime normoprotidique (de 1 g à 1,2 g/kg/j) n'est pas délétère pour l'os s'il est associé à une augmentation des apports calciques. Par ailleurs, une supplémentation protéique et des apports optimaux calciques et vitaminique D favorisent la correction d'un déficit en IGF-I et permettent d'améliorer le pronostic de récupération après une fracture ostéoporotique. Enfin, des données récentes soulignent une relation entre un déficit en vitamine K et un risque fracturaire important. »

D'après un entretien avec le Dr Jean-Claude Souberbielle, service d'explorations fonctionnelles, CHU Necker, Paris
(1) Chapuy MC et al. Vitamin D3 and calcium to prevent hip fractures in elderly women. « N Engl J Med » (1992). 327: 1637-1642
(2) Ammann P et al. Protein undernutrition-induced bone loss is associated with decreased IGF-I levels and estrogen deficiency. « J Bone Miner Res » (2000). 15: 683-690

Dr Martine ANDRE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6837