Maladie veineuse

Prévention et éducation

Publié le 20/01/2011
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Crédit photo : X. BOYMOND

L’ÉTUDE Therm et Veine a été lancée en 2008 par le Pr Carpentier dans le but d’évaluer l’efficacité de la cure thermale dans la prévention des ulcères de jambe chez les patients insuffisants veineux chroniques sévères. Cet essai contrôlé, randomisé et multicentrique a été réalisé dans l’ensemble des stations thermales et a inclus 425 patients. « Il devrait apporter pour la première fois, la preuve scientifique de l’efficacité de la cure thermale en phlébologie », estime le Pr Carpentier. Les résultats devraient être connus en mai, après un an de suivi des patients.

Un travail similaire mené par le Pr Carpentier à la station thermale de La Léchère avait déjà mis en évidence des résultats positifs de la cure thermale sur la maladie veineuse ; ces résultats ont fait l’objet d’une publication en janvier 2009 dans le « Journal of Vascular Surgery » (Carpentier PH et coll. J Vasc Surg 2009 ; 49 : 163-70). L’essai était randomisé, et les deux groupes de patients avaient été comparés à six mois puis un an. Ont été mesurés l’index de sévérité de la maladie veineuse (par la couleur de la peau, la dermite ocre étant un paramètre de sévérité), la qualité de vie des patients et l’inflammation. Après un an de suivi, les résultats étaient significatifs en faveur du groupe thermal.

Cette étude n’était pas suffisante : elle avait certes montré le bénéfice de la cure thermale sur la maladie veineuse, mais en étudiant un critère intermédiaire qui était la sévérité de la maladie. L’impact du traitement thermal sur la survenue d’ulcères veineux n’était pas connu. « Grâce à l’étude Therm et Veine, en démontrant une efficacité sur la prévention des ulcères veineux, nous allons pouvoir apporter la preuve d’un bénéfice réel sur la santé, mais également pouvoir évaluer son impact médico-économique. Et compte tenu du coût de la prise en charge globale des ulcères veineux (en terme d’hospitalisations, de soins à domicile, de traitements…), le calcul du rapport coût/bénéfice devrait mettre en avant l’intérêt économique de la cure. »

Nouveaux comportements de santé.

À côté de ces études qui visent à démontrer l’efficacité scientifique des cures thermales, d’autres projets concernant la prise en charge éducative des patients en milieu thermal sont également à l’étude et font partie des programmes de recherche retenus par l’AFRETh.

Un premier programme national d’éducation thérapeutique en milieu thermal pour les patients atteints d’insuffisance veineuse chronique et de syndrome post-thrombotique a été conçu puis expérimenté dans trois stations thermales. Une évaluation comparative de l’impact de ce programme d’éducation thérapeutique sur les comportements de santé et la qualité de vie des curistes a ensuite été réalisée à trois, puis six mois après la fin de la cure. « Des résultats extrêmement positifs sont apparus et l’étude est actuellement en cours de publication », indique le Pr Carpentier.

Les bénéfices portent à la fois sur l’amélioration de la qualité de vie des patients et sur la mise en place de nouveaux comportements de santé : une augmentation de l’activité physique, un meilleur suivi des règles diététiques, associée à une perte de poids, ainsi qu’une meilleure acceptation de la compression élastique. « Les patients acceptent d’autant mieux les règles d’hygiène et les principes thérapeutiques dès lors qu’ils comprennent pourquoi il faut respecter ces règles », souligne le spécialiste.

Stage post-thrombose.

C’est avec cette même volonté de développer l’aspect médico-éducatif du suivi des patients en milieu thermal qu’a été conçu le « stage post-thrombose », un programme court de prévention tertiaire chez des patients atteints de thrombose veineuse profonde des membres inférieurs. « Le syndrome post-thrombotique touche environ 40 % des patients atteints de thrombose veineuse profonde et il est responsable de 45 % des ulcères veineux », rappelle le Pr Carpentier. Un stage thermal d’une semaine, fondé sur la synergie entre éducation thérapeutique et soins thermaux a ainsi été conçu puis évalué. Ce stage comporte six soins quotidiens associés à une éducation pédagogique intensive. L’évaluation en fin de stage a permis de valider sa faisabilité technique, et montré un haut niveau de satisfaction chez tous les patients.

Les premiers résultats à trois mois montrent un impact très important en terme de comportement, ainsi qu’une diminution de la survenue du syndrome post-thrombotique. Ces résultats encourageants ont justifié le lancement d’un essai thérapeutique randomisé, qui débutera au printemps et permettra de réaliser une comparaison à deux ans.

« Étant donné qu’il s’agit d’une maladie chronique le plus souvent sans traitement curatif, les moyens de prévention et d’éducation apparaissent comme particulièrement adaptés à la prise en charge de l’insuffisance veineuse chronique », conclut le Pr Carpentier. Les établissements thermaux, en couplant soin et aspect médico-éducatif, apparaissent ainsi comme les structures idéales pour mettre en place ces projets d’accompagnement de malades chroniques et d’éducation sanitaire qui répondent à de réels besoins.

PATRICIA MARTEL

Source : Le Quotidien du Médecin: 8889