Journée mondiale

Psoriasis, encore des patients trop résignés

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Publié le 08/11/2019
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Discrimination, anxiété, sous-traitement… Malgré des progrès thérapeutiques majeurs, le psoriasis reste un poids pour de nombreux patients, comme le soulignent plusieurs enquêtes diffusées à l’occasion de la Journée mondiale du psoriasis.
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Anti-TNF alpha, anti-IL12/23, anti-IL17, etc. Au cours de ces dernières années, les avancées thérapeutiques dans le psoriasis ont été considérables, avec notamment l’arrivée de thérapies ciblées permettant de contrôler les formes les plus sévères. Pour autant, du point de vue des patients, tout est loin d’être réglé comme en témoignent plusieurs études récentes.

Une maladie discriminante

Deux enquêtes diffusées par l’association France psoriasis lors de la 16e Journée mondiale du psoriasis du 29 octobre confirment l’impact social et le caractère discriminant de la maladie.

Réalisée en population générale par l’institut de sondage Opinion Way, la première s’est intéressée au regard porté sur la maladie par les 15-30 ans. Résultat, 83 % d’entre eux estiment que les symptômes psoriasiques sont difficiles à assumer et qu’ils seraient eux-mêmes gênés de s’exposer s’ils en étaient atteints.

Dans une seconde enquête, 67 % des jeunes du même âge atteints de psoriasis reconnaissent souffrir du regard des autres, 58 % déclarent avoir subi des discriminations ou des moqueries à l’école, 48 % dans l’univers professionnel et 47 % lors de rendez-vous privés. Avec à la clef un impact sur leur quotidien puisque 64 % d’entre eux adaptent leur tenue pour cacher leurs plaques, 22% ont dû ralentir ou arrêter le sport, etc.

Le divorce patient / médecine

Ce travail pointe aussi les lacunes de la prise en charge, puisque 15 % des psoriasiques interrogés se sont auto-diagnostiqués via Internet et 40 % ne sont pas suivis par un professionnel de santé.

Une tendance au sous-traitement que retrouve également l’enquête allemande Dermline, détaillée au 28e congrès de l’Académie européenne de dermatologie et vénérologie (EADV, 9-13 octobre 2019, Madrid). Dans cette étude, plus de la moitié des patients (56 %) ayant un psoriasis couvrant au moins 20 % de la surface corporelle n’avaient pas de suivi médical dédié au moment de l’enquête. Certains avaient consulté initialement, mais n’en avaient pas perçu le bénéfice, considérant les médecins trop pressés (49 %), peu intéressés par la maladie (29 %) ou mal informés (26 %) et jugeant les traitements prescrits peu contributifs (58 %) ou présentant trop d’effets secondaires (29 %). Près de la moitié déclaraient s'être habitués à leur maladie et estimaient pouvoir s'en sortir sans consulter un médecin.

Enfin, selon une autre étude, présentée lors du congrès EADV, 77 % des patients atteints de psoriasis au stade aigu présentent des troubles anxieux, vs 19 % en population générale.

Hélène Joubert

Source : lequotidiendumedecin.fr