L E syndrome du QT long est un trouble de la repolarisation ventriculaire caractérisé à l'ECG par un allongement de l'espace QT et des anomalies des ondes T. Il peut provoquer des syncopes, des convulsions et des morts subites par apparition de torsades de pointe.
Deux formes congénitales de syndrome du QT long ont été rapportées : le syndrome de Romano-Ward (RWS) et le syndrome de Jervell et Lange-Nielsen (JLNS). Le RWS est à transmission autosomique dominante avec pénétrance variable ; le JLNS, relativement rare, est transmis selon un mode récessif et comporte une surdité.
Au moins six loci ont été associés au syndrome du QT long et cinq gènes ont été identifiés. La plus fréquente des mutations concerne le gène KCNQ1, qui contrôle un canal potassium. On connaît aussi le gène KCNE1 (aussi appelé IsK ou MinK) ; des mutations de ces deux gènes sont associées dans les deux syndromes (RWS et JLNS).
Le potassium et l'endolymphe
Dans le JLNS, la surdité néonatale est liée à l'absence d'endolymphe, qui baigne les cellules ciliées. Normalement, la concentration de potassium dans l'endolymphe est très élevée et les mouvements de potassium dans les cellules ciliées sont essentiels dans la traduction du son en signal neurologique. Le recyclage du potassium des cellules vers l'endolymphe (maintien des taux élevés de cet ion dans ce liquide) est essentiel pour la fonction normale de l'oreille.
Des protéines de plusieurs gènes associés à une surdité jouent un rôle direct dans ce recyclage. Enfin, on estime que le potassium est sécrété dans l'endolymphe par des régions distinctes de l'épithélium labyrinthique : la stria vascularis de la cochlée et les cellules noire du système labyrinthique. Le gène Iks est un candidat pour le contrôle de la sécrétion de l'endolymphe.
Surdité et troubles de la repolarisation
Alors que les souris KCNE1-/- ont des défauts de l'oreille interne semblables à celles de patients atteints d'un JLNS, le phénotype cardiaque associé à la perte de l'activité de KCNE1 est moins clair.
Dans ce contexte, l'équipe de Mathew Casimiro a créé des souris déficientes non pas pour KCNE1, mais pour le gène KCNQ1 (KCNQ1-/-). Il apparaît que le phénotype de ces souris ressemble à celui des patients atteints de JLNS. Ces souris souffrent d'une surdité et de dysfonctions vestibulaires, et elles présentent des troubles de la repolarisation cardiaque in vivo. Les modifications observées indiquent que les troubles de la repolarisation cardiaque sont induits par un signal extracardiaque.
Ces résultats suggèrent, selon les auteurs, que les souris KCNQ1-/- constituent un modèle animal potentiel pour l'étude du JLNS.
« Proc Natl Acad Sci USA », du 27 février 2001, 98, 5, pp. 2526-2531.
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