I L y a d'un côté les bénéfices potentiels de l'aspirine et des autres AINS, et de l'autre leur effet néfaste sur la muqueuse gastro-duodénale, avec un risque accru d'ulcère ou d'érosions hémorragiques. Ainsi, l'aspirine à faible dose (moins de 325 mg/j) est de plus en plus utilisée pour la prévention cardio-vasculaire, mais elle double le risque d'ulcère hémorragique, même à une dose aussi faible que 75 mg/j.
Lorsque les patients ont déjà eu un antécédent d'hémorragie gastro-duodénale, le risque de récidive d'hémorragie digestive est important en cas de prise d'aspirine à faible dose ou d'autres AINS. Comment réduire le risque de saignement pour profiter pleinement des bénéfices de ces thérapeutiques ?
Une approche, suggérée par de récentes données épidémiologiques, consiste à traiter de façon concomitante par des inhibiteurs de la pompe à protons (oméprazole). Toutefois, le coût de ce traitement au long cours serait important.
Une autre approche pourrait être d'éradiquer l'infection à H. pylori, lorsqu'elle existe chez le patient. Toutefois, on ignore si l'infection accroît le risque d'ulcère hémorragique chez les patients sous aspirine ou autres AINS.
Chan (Prince of Wales Hospital, Hong Kong) et coll. ont conduit une étude randomisée chez des patients ayant une histoire d'hémorragie gastro-duodénale, infectés par H. pylori et traités au long cours par l'aspirine faible dose ou d'autres AINS, afin de comparer l'efficacité de l'éradication d' H. pylori à celle de l'oméprazole en prévention d'une récidive d'hémorragie gastro-duodénale.
Une confirmation endoscopique
Les investigateurs ont enrôlé des patients qui présentaient une telle hémorragie, confirmée par endoscopie. Leur ulcère a été cicatrisé par un traitement d'oméprazole (20 mg/j) pendant au moins huit semaines. Puis, ceux qui prenaient de l'aspirine ont reçu 80 mg/j d'aspirine, et ceux qui prenaient d'autres AINS ont reçu deux fois par jour 500 mg de naproxène pendant six mois.
Les patients dans chaque groupe (250 dans le groupe aspirine, 150 dans le groupe naproxène) ont été ensuite randomisés afin de recevoir soit l'oméprazole (20 mg/j) pendant six mois, soit un traitement d'une semaine pour éradiquer l'infection à H. pylori (120 mg de bismuth subcitrate, 500 mg de tétracycline, et 400 mg de métronidazole, le tout quatre fois par jour), suivi du placebo pendant six mois.
Résultat, chez les patients sous aspirine, le risque d'hémorragie récidivante durant les six mois n'est pas significativement différent pour ceux ayant reçu le traitement éradiquant H. pylori (1,9 %) et ceux qui ont reçu le traitement par oméprazole (0,9 %).
En revanche, chez les patients sous naproxène, le risque d'hémorragie récidivante durant les six mois est de 19 % chez ceux qui ont reçu le traitement éradiquant comparé à seulement 5 % chez ceux qui ont reçu l'oméprazole.
Ces résultats « suggèrent qu' H. pylori pourrait jouer un rôle plus important dans l'ulcère hémorragique associé à l'aspirine faible dose que dans l'hémorragie associée aux autres AINS », notent les chercheurs.
Ainsi, chez les patients qui prennent de l'aspirine à faible dose, l'éradication de l'infection à H. pylori, lorsqu'elle est présente, peut suffire pour abaisser considérablement le risque d'ulcère hémorragique.
« New England Journal of Medicine », 29 mars 2001, p. 967.
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