Réforme du système de soins : MG-France et la CFDT se lancent ensemble dans la bataille

Publié le 15/02/2001
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LE QUOTIDIEN - MG-France avait accueilli favorablement la démarche ouverte par le « Grenelle de la santé », organisé par le gouvernement. Aujourd'hui pourtant, vous lancez, avec la CFDT notamment, une nouvelle méthode. Est-ce bien cohérent ?
Dr PIERRE COSTES -
Il se trouve que le gouvernement a affirmé, lors de la réunion du 25 janvier, qu'il avait entendu le malaise des professionnels de santé. Il a choisi de désigner un groupe d'experts, d'ouvrir les chantiers et de revoir tout le monde en juin prochain. C'est une logique positive dans laquelle s'inscrit MG-France comme d'ailleurs beaucoup d'autres acteurs du système de santé. En effet, ce qui frappe aujourd'hui, c'est la volonté des caisses, des mutuelles, des politiques de droite comme de gauche et des professionnels de santé d'aboutir à une réforme d'ampleur.
Mais la démarche du gouvernement n'est pas suffisante. Il appartient, en effet, aux acteurs du secteur santé en tant que tels de se saisir du débat, d'inventer, d'avoir une dynamique de travail autonome et beaucoup plus libre. Ce que propose le gouvernement est intéressant mais le tempo est trop lent. Il faut pédaler plus vite. Nous saisissons l'opportunité qui a été ouverte le 25 janvier.


Concrètement, comment allez-vous procéder ?
Aujourd'hui, nous lançons officiellement un appel à tous les acteurs du système de soins, y compris les caisses, les mutuelles et les organisations de salariés, qui partagent notre volonté réformatrice et qui ont une approche constructive. Une première réunion commune se tiendra le 22 février chez les représentants des kinés puis nous travaillerons au sein d'ateliers de travail thématiques avec toutes les bonnes volontés. Pour ma part, je souhaite des échanges réguliers, tous les mois. Nous travaillerons notamment dans deux grandes directions : la clarification des responsabilités respectives des professionnels de santé libéraux et des assurés sociaux ; et la refondation du contrat qualitatif et économique qui doit lier les professionnels de santé et la collectivité. Aujourd'hui, il n'existe plus aucune régulation du système. L'offre de soins et les comportements des patients sont totalement anarchiques ! Nous proposerons des solutions, mais l'arbitrage reviendra de toute façon au gouvernement.

« Le G7 n'a rien produit »

Votre coalition ne vise-t-elle pas surtout à contrecarrer le G7, c'est-à-dire un autre front santé déjà constitué depuis plusieurs mois par trois syndicats médicaux (CSMF, SML, FMF) et quatre organisations de salariés (FO, CGT, CFTC, CFE-CGC) et qui a dénoncé le « non-événement » du « Grenelle » ?
Notre objectif est d'abord la mise en route d'ateliers de travail concrets. Il faut faire avancer le « schmilblick ». La présence de la CFDT témoigne aussi de cette ambition.
Cela dit, c'est vrai que les instigateurs de notre démarche veulent tous en finir avec un certain discours guerrier, fait de sang et de larmes. Nous préférons construire et engager le dialogue. Mais il n'y a pas de ligne de démarcation : chacun pourra se joindre à nous à tout moment. De toute façon,
« abondance de biens ne nuit pas » . Il y a une certaine émulation qui va se créer.
J'ajoute que le front commun dont vous parlez qui existe déjà depuis des mois
(le G7) n'a strictement rien produit : il s'est contenté de dire « non » à la maîtrise comptable et de proposer une convention unique. Leur discours est à prendre ou à laisser. Nous nous situons dans une logique de progrès.

Dans cette stratégie où chacun avance ses pions de son côté, MG-France n'est-il pas isolé pour défendre les intérêts du corps médical ?
MG-France se situe du côté du changement pragmatique, quotidien, c'est-à-dire de ce que souhaite la grande majorité des professionnels de santé qui exercent en ambulatoire. On ne peut se contenter de rester sans rien faire ou de critiquer. Nous ne mettons aucun préalable. Il s'agit d'explorer concrètement, librement, les voies de réforme du système, et non pas de constituer un conclave.

Kinés, infirmières, biologistes et pharmaciens dans cette nouvelle alliance

Outre MG-France et la CFDT, la coalition qui propose aujourd'hui d' « explorer les voies d'évolution du système » réunit la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes (FFMKR), la Fédération nationale des infirmières (FNI), la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et le Syndicat des biologistes (SDB).
Si ces quatre organisations et le syndicat de généralistes MG-France ont déjà l'habitude de travailler ensemble, c'est la première fois que la CFDT, qui préside la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM), les rejoint officiellement. Dans un communiqué commun, ce « groupe des six » précise qu'il a l'ambition d'engager le dialogue « avec l'ensemble des acteurs du système de soins, gestionnaires et tous corps de professionnels de santé ».

Propos recueillis par Cyrille DUPUIS

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6858