« L'APPROCHE de ces francs-tireurs et refondateurs de la médecine est séduisante et il est intéressant, pour des associations de patients, de chercher à mettre en place, avec des médecins et des professionnels de la santé, d'autres relations que celles qui existent depuis des lustres. ».
Laurence Potte-Bonneville, de la Ligue contre le cancer et qui représente le collectif interassociatif sur la santé (CISS) aux discussions engagées avec les professionnels de santé, dans le cadre de l'association « Réforme et santé », en est convaincue : la démarche engagée par les fondateurs de cette structure, une quinzaine de professionnels de santé qui se sont engagés le plus souvent à titre personnel dans cette aventure, peut déboucher sur des réformes d'importance, propres à modifier en particulier les relations patients-médecins.
C'est aussi le sentiment du Dr Anne-Marie Soulié, présidente du Syndicat national des médecins de groupe et présidente de « Réforme et santé », pour qui, il faut « enfin sortir du blocage actuel, quitte à lancer un pavé dans la mare ». Il ne s'agit pas dans son esprit de proposer un « énième projet de réforme » qui ne sera jamais appliqué, mais au contraire de mettre en place des expérimentations qui n'ont pas nécessairement besoin d'un visa administratif ou ministériel. C'est en ce sens que les travaux engagés avec le CISS (une nouvelle réunion doit avoir lieu la semaine prochaine) prennent toute leur importance.
« Lors de la première rencontre, poursuit Anne-Marie Soulié, nous n'attendions que quelques représentants d'associations de patients. Ils étaient en fait une quinzaine, tous enthousiastes, tout autant que les professionnels de santé ; et nous avions pu mettre en place des groupes de travail qui vont nous permettre d'avancer rapidement. »
C'est en tout cas une certitude pour le secrétaire général de « Réforme et santé », le Dr Jean-François Mazoyer, ancien président de la Fédération nationale des médecins radiologues, grand partisan de cette aventure qui permet, dit-il, d'associer en particulier des « patients à la mise au point de référentiels ». Une « démarche, insiste-t-il, qui participe plus que d'autres à l'amélioration de la qualité des soins ».
Grain de sel
ll est intéressant de noter, explique pour sa part Jean Bégué, du Syndicat des biologistes mais adhérent à titre personnel à « Réforme et santé », qu'il y a « de grandes convergences d'idées, d'opinions, de propositions entre les professionnels de santé qui participent à ces travaux, mais surtout entre les professionnels de santé et les patients, ce qui nous renforce dans notre idée de concertation pour mettre fin au blocage actuel ».
Reste que l'on peut s'interroger sur l'avenir d'une telle structure, alors que le gouvernement a lancé sa mission de concertation sur l'avenir de la médecine de ville, à laquelle n'est pas conviée « Réforme et santé ». Jean Bégué reconnaît, certes, que l'invitation gouvernementale était adressée aux organisations qui sont représentatives, ce que n'est pas encore le cas de « Réforme et santé ». Mais le Dr Anne-Marie Soulié, espère « mettre son grain de sel » dans cette concertation.
« Nous pensons, confirme le Dr Jean-François Mazoyer, qu'à un moment ou à un autre nous aurons notre mot à dire ; c'est au groupe des sages d'organiser la réflexion. C'est dans ce cadre que nous espérons participer à cette concertation, en rendant compte des premiers travaux que nous aurons menés avec les associations de patients. »
En tout état de cause, pour « Réforme et Santé », aucun projet d'envergure ne pourra trouver un début d'application si les patients et les professionnels de santé ne sont pas associés à son élaboration. « C'est bien, conclut Anne-Marie Soulié, le sens de notre action, le moteur essentiel de notre réflexion et nous espérons être de plus à plus nombreux à effectuer ce travail. »
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