ARTS
PAR JEAN-JACQUES LEVEQUE
O N pense tout d'abord à René Gousset (mort en 1952), l'auteur inspiré de « l'Empire des Steppes », qui fut directeur du musée Guimet, et à Joseph Hackin, le successeur d'Emile Guimet (mort en 1941), l'initiateur de la Croisière jaune (1931), qui a rendu populaire un itinéraire de légende. Celle que nous content des objets d'une merveilleuse exécution, d'un raffinement extrême et qui s'inscrivent dans les modes de vie de ces grands empires (Parthes, Sassanides, Turcs et Mongols) participant tous d'une même nécessité de pratiquer le nomadisme.
Ouvertes par les conquérants (Alexandre le Grand, Genghis Khân), leurs routes ont été sillonnées par les marchands, puis les missionnaires, et plus récemment par les archéologues à qui l'on doit la découverte de tous ces objets et une lecture synthétique qui témoigne d'une unité de ton, et surtout d'une communauté de vue et un identique répertoires de formes inspirant le développement de leur art (surtout le monde animalier).
Ce sont les routes des fourrures ou de la Soie animées par les caravanes, tour à tour, des Scythes, des Saces, des Xiongnu ou des Sogdiens, civilisations brillantes mais souvent éphémères et que reconstitue la recherche archéologique menée sur plus de 7 000 kilomètres, épousant la courbe de l'Eurasie.
« On sent la courbure de la terre », aurait dit Henri Michaux, grand voyageur de l'imaginaire, qui ouvre la porte à tous les fantasmes nés de ces horizons lointains où vivaient des peuplades qui créèrent des formes d'art en totale symbiose avec leur environnement. Parures d'or, vaisselles d'argent, feutres et soieries, ornements de chevaux (ceux-ci entrant totalement dans le quotidien de peuplades nomades), armes et monnaies distingués par une élégante stylisation, un sens aigu de l'observation toujours dépassée par la recherche plastique, décrivent des peuples qu'un concept d'Etat, un rêve de nation ne freinent pas, et qui, par leur mobilité même, inscrivent la conquête dans la dynamique de leur marche et de leur économie. Un autre monde, éloigné de nos concepts, et qui révèle à travers les objets qu'il façonne, ses rêves. Pas si éloignés que ça des nôtres.
Musée des Arts asiatiques-Guimet, 6, place d'Iéna. Jusqu'au 2 avril. Tous les jours sauf le mardi, de 10 h à 18 h. Prix d'entrée 35 F.
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