De notre correspondante
à New York
P LUSIEURS études ont montré que les femmes surestiment en général leur risque de développer un cancer du sein. En effet, même lorsqu'elles ont été conseillées ou instruites sur le cancer du sein, elles ont tendance à oublier que le risque de 1 sur 9 est la probabilité qu'a une fille à la naissance de développer un cancer du sein au cours de toute sa vie, et elles interprètent ce risque de 1 sur 9 comme un risque à court terme.
Mais « le risque de 1 sur 9 ne s'applique pas aux femmes de tous les âges », commente, dans un communiqué, le Dr Cyllene Morris (Institut de santé publique du registre des cancers de Californie, Sacramento), qui publie avec son équipe une nouvelle étude décomposant les estimations du risque de cancer du sein, selon l'âge et l'origine ethnique (« American Journal of Preventive Medicine », avril 2001).
Bien que le cancer du sein soit beaucoup plus fréquent chez les femmes âgées que chez les femmes jeunes, le risque de développer un cancer du sein pendant le restant de la vie d'une femme d'un certain âge est en fait plus faible que le risque à la naissance.
Risque à cinq ans et à vingt ans
Morris et coll. ont examiné les données du registre des cancers concernant plus de 109 000 femmes diagnostiquées en Californie avec un cancer du sein, entre 1993 et 1997.
Ils ont estimé qu'une femme de 50 ans présente en moyenne un risque de 1 sur 86 de développer un cancer du sein dans les cinq années suivantes, et un risque de 1 sur 18 de le développer dans les vingt ans. Par comparaison, une femme de 40 ans a un risque de 1 sur 189 de développer un cancer du sein dans les cinq années suivantes, et un risque de 1 sur 26 dans les vingt années suivantes.
Une femme de 60 ans, malgré son risque élevé lié à l'âge, n'a encore qu'un risque de 1 sur 61 de développer un cancer du sein dans les cinq années suivantes, et un risque de 1 sur 14 de le développer dans les vingt années suivantes. Ces estimations supposent évidemment que la femme n'a pas été déjà diagnostiquée avec un cancer du sein.
La plupart des organismes recommandent à partir de l'âge de 50 ans une mammographie annuelle pour le dépister le cancer du sein (à partir de 35 ans lorsqu'il existe un facteur de risque familial), et Morris et coll. ne remettent nullement en question ces recommandations.
Caucasiennes, Afro-Américaines, Asiatiques, Hispaniques
Les auteurs ont aussi décomposé les probabilités du risque en fonction de l'origine ethnique. Ainsi, à l'âge de 50 ans, une femme caucasienne présente un risque de 1 sur 15 de développer un cancer du sein dans ses vingt années suivantes, tandis qu'une femme afro-américaine a un risque de 1 sur 20, une femme asiatique a un risque de 1 sur 26 et une femme hispanique a un risque de 1 sur 27. Dans les cinq années suivantes, une femme caucasienne de 50 ans a un risque de 1 sur 75 de développer un cancer du sein ; une femme afro-américaine a un risque de 1 sur 98, une femme asiatique, un risque de 1 sur 107, et une femme hispanique, un risque de 1 sur 133.
Selon les auteurs, les projections sur des période plus courtes, de cinq à vingt ans, sont plus réalistes qu'une probabilité de risque sur toute la vie. « Les estimations du risque, notent-ils, représentent des projections dans le futur des taux actuels et ne sont, par conséquent, valables que si ces taux restent stables au cours du temps. » Or, les incidences du cancer du sein risquent peu de rester stables dans les années a venir, car les progrès des technologies de dépistage permettant une détection plus précoce des tumeurs, et les améliorations des stratégies de prévention réduiront le nombre de femmes qui développent un cancer du sein, expliquent-ils. « Les estimations du risque basées sur l'âge actuel et calculées sur la prochaine ou les deux prochaines décennies pourraient être plus justes, moins sujettes à une mauvaise compréhension et, par conséquent, plus significatives pour le public », déclarent Morris et coll. Ils ajoutent que le cancer du sein est encore mal compris et soulignent que l'âge et l'origine ethnique « ne peuvent prédire à eux tout seuls le risque de développer un cancer pour une femme individuelle ».
« American Journal of Preventive Medicine », avril 2001.
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