Quand la biologie médicale innove

Robotisation et numérisation au service de diagnostics rapides

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Publié le 23/05/2019
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Laboratoire

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Crédit photo : S. Toubon

Dans la banlieue de Grenoble, à Saint-Martin-d'Hères, un groupe de biologie médicale joue la carte de l'innovation. Oriade Noviale – qui compte 52 laboratoires dans la région Auvergne Rhône-Alpes – a inauguré en avril une plateforme de microbiologie qui s'affiche à la pointe de la robotisation et de la digitalisation.

Alors qu'auparavant le processus de culture bactérienne (ensemencement, incubation) était manuel, il est désormais automatisé. « La lecture et l'interprétation des échantillons sont numérisées et réalisées dans une salle hors du laboratoire par le technicien, aidé d'une intelligence artificielle. Cela permet de ne pas être dérangé par le bruit », explique Pierre-Alain Falconnet, biologiste et cogérant d'Oriade-Noviale.

La biologie moléculaire, beaucoup plus rapide que la bactériologie classique, est également développée sur le site. La technique des PCR (polymerase chain reaction) syndromiques permet ainsi d'identifier rapidement et simultanément plusieurs bactéries « signatures » de certaines pathologies.     

Ces innovations permettent l'optimisation du flux de travail, la diminution des interventions manuelles sans valeur ajoutée, des cultures de meilleure qualité et des conditions de travail améliorées pour les techniciens. À la clé surtout : des diagnostics express, et donc une adaptation des décisions cliniques et des traitements beaucoup plus rapidement. Pour une grippe, les résultats sont promis « sous 12 heures ». Un atout quand on sait que 70 % des décisions thérapeutiques s'appuient sur les résultats d'un test de diagnostic en médecine de ville et plus de 80 % à l'hôpital. 

Exit l'antibiothérapie probabiliste

Cette transformation de l'activité – fruit de deux ans de travaux pour un investissement de 2,6 millions d'euros – s'inscrit dans la logique de pertinence des soins de « Ma santé 2022 », souligne le président du groupe, Philippe Cart-Lamy. « Sur le plateau technique central et celui d'urgence, nous traitons 6 000 dossiers par jour, dont 1 250 pour la seule bactériologie. C'est un outil de prévention et de dépistage », précise le biologiste.

Un progrès défendu par le Dr Olivier Véran, député LREM de l'Isère, venu inaugurer la plateforme. « En peu de temps, nous avons assisté à une révolution technologique, salue le neurologue hospitalier. Je me mets à la place d'un médecin généraliste dont la patiente a une suspicion d'infection génitale : désormais, au lieu d'une prescription d'antibiotiques probabiliste, il pourra avec plus de précisions de donner le bon traitement, au bon patient, au bon moment. On réduit l'antibiorésistance et les dépenses inutiles ».

Marie Foult

Source : Le Quotidien du médecin: 9752