Municipales 2001
C URIOSITE rouennaise des élections municipales : aux côtés des classiques listes socialiste, UDF, Verte, LCR, Lutte ouvrière, MNR et FN, Action Infirmières s'est lancée dans la bataille du premier tour.
Vingt-huit femmes, vingt-sept hommes, tous représentants du corps infirmier, de l'étudiant au cadre, emmenés par Patricia Nodjiadjim, surveillante au service des urgences du CHU de Rouen.
Indépendants, sans étiquette, ces 55 candidats souhaitent livrer aux 106 500 habitants de Rouen un message qui ne concerne la ville que de loin : il faut « sauvegarder » une profession considérée « en danger »,« préserver le droit à la santé de toute la population », « défendre » un service public « menacé ». Ces phrases, ils sont une dizaine de militants à les répéter inlassablement, chaque week-end, au marché du Clos-Saint-Marc, haut lieu des campagnes électorales rouennaises. « Nous voulons nous faire entendre à un moment qui nous paraît propice. Point. Nous ne donnerons aucune consigne de vote au second tour », explique Andrée Renoir, infirmière au CHU, qui est à l'origine d'Action Infirmières et préside le comité de soutien de cette liste sur laquelle, faute d'habiter Rouen, elle ne figure pas.
Pour arriver à leurs fins électorales, les infirmières rouennaises ont eu à franchir deux gros obstacles : le financement de la campagne et la parité. Questions gros sous, toute la population a été mise à contribution. « Nous n'avons pas eu de retour important du côté de la profession et dans le milieu hospitalier. En revanche, sur la voie publique, les gens sont généreux », raconte Andrée Renoir. Grâce aux dons, la cagnotte d'Action Infirmières a atteint 14 000 francs, qui vont servir à payer les bulletins de vote. En ce qui concerne la parité, les infirmières rouennaises sont tombées sur un os. Pénurie d'hommes. Avec seulement 7 % de garçons dans les effectifs infirmiers du CHU, l'affaire n'était pas gagnée d'avance. Le fait que beaucoup de personnels de l'hôpital n'habitent pas Rouen (condition indispensable pour figurer sur la liste) a encore corsé l'exercice.
Les gestes politiques des infirmières de Rouen ne datent pas d'hier. Déjà en 1988, année du grand mouvement infirmier, consigne avait été donnée aux blouses blanches en colère de déchirer leurs cartes d'électeurs. Cette année, Rouen n'était pas la seule ville où des infirmières avaient envie de se présenter aux municipales. Il était question que des listes sœurs fleurissent notamment à Paris ; mais cela n'a pas abouti.
Fières d'être allées jusqu'au premier tour, contentes de l'accueil que leur réservent leurs concitoyens (« Nous sommes un peu comme les pompiers, notre image est très positive, les gens comprennent bien nos difficultés. »), les infirmières rouennaises tirent satisfaction de ce que, depuis qu'elles ont déboulé dans la bataille électorale, les deux grands leaders locaux (Yvon Robert, maire sortant, pour le PS, et Pierre Albertini pour l'UDF) ont organisé deux réunions sur le thème de la santé dans la ville.
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