A VEC 28 des 78 cas européens de paludisme d'importation, les Français détiennent une sorte d'autorité en la matière. Compétence et argument de fréquence qui ont permis à S. Karch et coll. d'entreprendre un safari aux moustiques dans les avions atterrissant à Roissy de mi-août à fin septembre 2000. Ils décrivent le tableau de la chasse qu'ils ont menée dans quarante-deux avions, dans une courte lettre au dernier « Lancet ».
Les moustiques adultes ont été traqués dans les cabines passagers, les soutes à bagages et leur contenu, et dans les couloirs. Plusieurs moustiques vivants ont été capturés à la main : deux Anopheles gambiae, l'un dans la cabine passager, gorgé de sang, l'autre dans un couloir ; trois Culex quinquefasciatus. Enfin, des pièges lumineux n'ont pas attiré d'insectes à risque. Et les lieux susceptibles de contenir des larves ne présentaient que des espèces locales.
Le moustique chargé de sang venait visiblement de piquer quelqu'un dans l'avion, l'autre anophèle, qui n'avait visiblement piqué personne, avait, en revanche, un accès direct au terminal. Fort heureusement, aucun des deux spécimens capturés n'était porteur de plasmodium. Ce qui rejoint la fréquence d'infestation de A. Gambiae, 3 femelles contaminées sur 100.
Les auteurs concluent que, pour la sécurité des passagers, du personnel et des autochtones résidant à proximité, des mesures de désinsectisation devraient être prises. L'OMS les a d'ailleurs formalisées en 1995.
Malaria des pistes
Dans une autre lettre accompagnant l'étude française, des médecins sud-africains rappellent que ces cas de paludisme, par leur difficulté diagnostique, sont traités tardivement. D'où un fort taux de complications ou de mortalité. Ils proposent également de reconnaître, à côté du paludisme d'aéroport, décrit par les Français, une forme dite paludisme des pistes. Ici, l'infection est contractée lors d'une étape technique lorsque des moustiques entrent dans un avion simplement en attente sur une piste, portes ouvertes. Paludisme des aéroports et paludisme des pistes peuvent faire partie de la grande famille des « paludismes des Odyssées ».
« Lancet », vol. 357, 20 janvier 2001, p. 235.
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