C’est un avertissement lancé par la CARMF mais aussi une pierre dans le jardin des syndicats qui avaient négocié en 2011 la dernière réforme de l’ASV, régime qui représente environ 40 % de la retraite des médecins libéraux.
Aidée par une société d’actuariat, la CARMF vient de détailler des projections financières inquiétantes pour ce régime après 2017 et pour les années suivantes. Son message est clair : avec les mesures arrêtées en 2011, le régime ne peut en aucun cas être équilibré (même à court terme) et nécessite des mesures complémentaires (augmentation de la cotisation globale de 13 % d’ici à 2021 ou baisse de la valeur du point de 3 % dès 2016).
Déficit technique puis cessation de paiement
Dans le courrier qu’il vient d’adresser à Marisol Touraine, le président de la CARMF assure que le seul gel de la valeur du point, « même indéfini », ne permettra pas au régime de rester à flot avec les paramètres actuels. « Un déficit technique apparaît dans 4 ans et la cessation de paiement dans 10 ans », lance son président le Dr Gérard Maudrux.
Diverses projections (augmentant plus ou moins la cotisation d’ajustement) ont été réalisées par la caisse, toutes sombres. Par exemple, le passage de la cotisation de 2,8 % en 2017 à 3,2 % en 2020 (avec maintien du départ à taux plein à 65 ans et réindexation du point après 2019) aboutirait, selon la CARMF, à épuiser les réserves de l’ASV dès 2025 (déficit cumulé de 1,7 milliard d’euros en 2035). Une cotisation de 3,4 % en 2022 ne ferait guère mieux : les réserves seraient épuisées en 2026 et le déficit cumulé atteindrait 1,2 milliard en 2034.
Retraite à la carte, une solution ?
Selon les calculs de la CARMF, pour équilibrer le régime ASV (toujours en réindexant le point après 2019), il faudra frapper plus fort. La cotisation devrait être augmentée par paliers à 3,9 % en 2021 (3,1 % en 2018, 3,4 % en 2019, 3,7 % en 2020), soit une hausse significative de 13 % de la cotisation globale.
Autre piste possible, mais qui frapperait les seuls retraités : abaisser la valeur du point de 3 % dès 2016 et la bloquer ensuite au moins jusqu’en 2029...
Hostiles à ces mesures, la CARMF rappelle sa propre idée : appliquer pour l’ASV la réforme proposée (sans succès auprès du gouvernement) pour le régime complémentaire, c’est-à-dire « retraite à 62 ans et surcotes au-delà ». « Cette solution [de retraite à la carte] permettrait de ne pas toucher à la cotisation ou de gagner plusieurs années sur la durée de gel de la valeur du point », affirme la CARMF.
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