Troubles anxieux

Saujon, capitale du thermalisme psychiatrique

Par
Publié le 11/01/2018
thermes de Saujon

thermes de Saujon
Crédit photo : DR

Nés en 1860, les thermes de Saujon, nés de Royan, sont sans doute inconnus pour beaucoup de praticiens français, tout comme le thermalisme psychiatrique.

Pourtant, comme le souligne le Pr Jean-Pierre Olié « le recours au thermalisme pour des pathologies de nature psychique est parfaitement complémentaire des modalités plus usuelles de traitement ». D’autant que le Dr Olivier Dubois qui dirige les Thermes, a mené plusieurs études scientifiques pour démontrer l’efficacité du thermalisme en psychiatrie. Comme l’explique le Dr Dubois, la cure thermale conventionnée (21 jours dont 18 jours de soins) consiste en l’association de quatre soins thermaux prescrits quotidiennement (douche thermale, massage sous l’eau, bain bouillonnant et bain en piscine) et d’un suivi psychoéducatif assuré par des médecins. Très honnêtement, le Dr Dubois ne met pas en avant les spécificités de l’eau de Saujon qui contient des oligoéléments, à base de lithium.

Démonstrations cliniques

Depuis le début, Olivier Dubois, psychiatre formé à Sainte-Anne, a par contre mis en œuvre un vaste programme de recherche clinique, pour montrer les bénéfices de la cure thermale de Saujon, la seule façon de perpétuer la tradition familiale, car quand, en 1860, Louis Dubois créé l’Établissement Thermal pour des patients « nerveux » et « anxieux », les pharmacopées modernes n’existaient pas, pas plus que les psychothérapies modernes.

De nombreuses études ont été réalisées, en particulier dans les troubles anxieux, à commencer par l’étude Stop Tag qui a comparé chez 237 patients souffrant de TAG, la cure thermale de 3 semaines (CTH) à un traitement de 2 mois par paroxétine (traitement de référence des TAG). On constate qu’au terme de l’essai, le pourcentage d’amélioration du score global de l’HAMA est significativement supérieur dans le groupe CTH (p < 0,0001). Par ailleurs, l’amélioration clinique est encore significative, six mois après la fin de la cure. On peut également citer l’étude SPECTH qui porte sur 70 patients consommateurs chroniques de benzodiazépines (BZD) et présentant des troubles anxieux. Le programme, validé par un groupe d’experts universitaux (Prs Olié, Gorwood, Lépine, Salomon…) associait la CET de 3 semaines, avec un programme de thérapie cognitive et comportementale, puis des consultations et des entretiens téléphoniques en post-cure pendant six mois. Les résultats sont probants : 78 % des patients ont pu réduire d’au moins 50 % les doses initiales de BZD, dont 41 % d’arrêt total à 3 et 6 mois. Parallèlement l’état anxieux et dépressif est significativement amélioré, d’autant plus que l’arrêt des traitements est important. D’autres études ont été réalisées par le centre de Saujon, notamment dans le burn-out et la dépression. Signe de la volonté du Dr Olivier Dubois de démontrer que pour être « complémentaire », une approche thérapeutique doit être évaluée scientifiquement et respectée : un modèle pour tout le thermalisme.

Dr Alain Marié

Source : Le Quotidien du médecin: 9630