L E mécanisme d'action de la plupart des médicaments utilisés chez les schizophrènes reste encore mal compris. Néanmoins, des travaux pharmacologiques semblent indiquer qu'il existe un contrôle des symptômes par le biais d'un antagonisme des neurorécepteurs. Les neuroleptiques, par exemple, pourraient agir en bloquant les récepteurs à la dopamine au niveau cérébral. Deux grandes classes de récepteurs à ce neurotransmetteur ont été mises en évidence : la sous-classe D1, constituée des sous-types D1 et D5, et la sous-classe D2, qui comprend les sous-types D2, D3 et D4. Actuellement, la plupart des psychiatres pensent que la schizophrénie serait liée à une anomalie des récepteurs de la sous-classe D2, puisque des examens morphologiques par tomographie à émission de positrons (PET-scan) et des analyses histologiques post-mortem ont montré un niveau élevé de ces récepteurs chez les malades.
L'équipe israélienne, dirigée par le Dr Tal Ilani, s'est plus particulièrement intéressée au sous-type de récepteurs D3 en raison de leur localisation dans la zone du nucleus accumbens qui semble particulièrement en cause dans les dysfonctionnements neurologiques des patients schizophréniques.
Des récepteurs D3, comme les sous-types D4 et D5, ont été, au cours des dernières années, mis en évidence au niveau des lymphocytes du sang circulant à une concentration qui semble corrélée à celle présente dans le système nerveux central.
Le travail de l'équipe du Dr Ilani a consisté en une mesure de l'ARNm des récepteurs D3 et D4 à la dopamine chez quatorze sujets schizophréniques et à comparer ces valeurs avec celles de onze sujets témoins appariés (âge et sexe). « Chez les malades, le taux d'ARNm pour le récepteur D3 s'est révélé significativement plus élevé (augmentation d'un facteur 2) que chez les sujets contrôles », expliquent les auteurs. En revanche, la valeur de l'ARNm du récepteur D4 était comparable dans les deux groupes.
Enfin, le traitement par des médicaments antipsychotiques (classiques ou de nouvelle génération) ne semble pas interférer avec cette valeur dans l'échantillon choisi ; ce qui indique que les phénomènes observés ne sont pas un effet du traitement.
Ces premières données ne permettent pas de conclure quant à la corrélation entre le nombre de récepteurs et l'intensité de la maladie, ni à l'influence de la progression de la maladie sur ces chiffres.
L'intérêt du traitement précoce
Tous ces faits devront maintenant être précisés par de nouvelles recherches cliniques.
Pour le Dr Ilani, « la détermination de l'ARNm des récepteurs D3 au niveau des lymphocytes périphériques pourrait, à l'avenir, être utilisée comme un marqueur périphérique de la schizophrénie et représenter une aide diagnostique précoce ». On connaît, en effet, la valeur pronostique d'un diagnostic et d'un traitement précoce de cette affection. Cette mesure pourrait aussi constituer pour les psychiatres une aide au monitoring dans le cadre d'un traitement au long cours. Enfin, cette étude pourrait ouvrir la voie à de nouvelles recherches thérapeutiques afin de contribuer au développement de nouveaux médicaments antipsychotiques.
« Proc Natl Acad Sci USA », vol. 98, n° 2 : 625-628 du 16 janvier 2001.
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