Le Temps de la Médecine :
A la fin du XIXe siècle, l'anatomiste espagnol Santiago Ramon y Cajal décrit le neurone comme l'unité anatomique et fonctionnelle du cerveau et énonce le dogme qui sera enseigné à des générations de médecins : un neurone lésé qui meurt est définitivement perdu.
« On savait depuis longtemps, que la production physiologique de nouveaux neurones était possible chez certains animaux dits inférieurs, l'hydre ou certains amphibiens, explique le Pr Martin Catala (Salpêtrière, Paris) . Chez les animaux supérieurs, cette régénération était jugée impossible ». Dans les années 1970, Joseph Altman et son groupe décrivent pour la première fois une prolifération de neurones chez le rat adulte. « En étudiant l'incorporation de thymidine tritiée lors de la duplication de l'ADN, il met en évidence la présence de radioactivité au niveau des neurones de l'hippocampe. Le résultat a été très discuté, mais Altman est probablement le premier à avoir émis l'hypothèse d'une neurogenèse après la naissance ».
Hippocampe et bulbe olfactif
En 1998, un groupe de Copenhague relance l'hypothèse, cette fois chez l'homme. Eriksson et coll. cherchent à étudier la prolifération des cellules tumorales chez des patients cancéreux. Ils utilisent un analogue de la thymidine, le Bromodéoxyuridine (BrdU). Les méthodes immunocytochimiques permettent alors de détecter le BrdU incorporé. « Un examen post-mortem de patients décédés des suites de leur cancer, révèle que certains neurones sont positifs pour le BrdU, en particulier dans l'hippocampe ».
L'existence d'une neurogenèse postnatale est maintenant parfaitement établie dans certaines régions comme l'hippocampe, impliqué dans les processus d'apprentissage et de mémoire, mais aussi au niveau du bulbe olfactif. Mais quelles étaient ces cellules progénitrices capables de produire des neurones chez l'adulte ? La zone subventriculaire (résidu chez l'adulte de la zone ventriculaire) serait la principale pourvoyeuse des cellules souches responsables de la neurogenèse continue chez l'adulte. « Toute la question aujourd'hui est de savoir si ces cellules sont capables de générer des neurones ailleurs qu'au niveau du bulbe olfactif ou de l'hippocampe. C'est le sens des travaux actuels sur les cellules souches. » Comment peut-on favoriser la mise en place de neurones et tenter de faire en sorte que les cellules souches régénèrent des zones lésées (comme dans les accidents vasculaires cérébraux, par exemple) alors qu'elles ne sont pas capables de le faire spontanément ?
Cette recherche fondamentale pourrait aussi bénéficier aux patients atteints de pathologies de la moelle. On sait aujourd'hui qu'un axone lésé peut repousser et que le premier obstacle à la repousse des fibres nerveuses n'est pas l'axone lui-même mais la cicatrice gliale qui entoure la lésion et constitue une barrière à la fois physique (fibrose) et biochimique (sécrétion de molécules qui inhibent la repousse. Pour le Dr Alain Privat, les avancées sont telles qu'on peut envisager des applications cliniques (« le Quotidien » du 26 avril 2002) : « Nous avons établi la preuve de principe qu'une reconnexion était possible à partir du moment où la cicatrice n'existait pas. L'étape suivante consistera à la rendre possible chez l'homme en contournant la barrière gliale ».
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