Millefeuille

Sous le psoriasis, le malade

Publié le 30/11/2015
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Il faut saluer les performances d’Anne Parillaud qui a accepté d’interpréter le rôle de cette pâtissière à la dérive, avec émotion et sobriété : elle nous montre bien que le psoriasis peut isoler, enfermer. Le juvénile et radieux visage de la jeune Rosie Day lui rappelle que cet isolement peut être brisé par un entourage amical et positif… mais aussi qu’il demande au malade de faire l’effort d’affronter le monde extérieur et le regard des autres. En quelques minutes on découvre les dimensions psychologiques d’une pathologie qui ne se résume pas, comme trop de gens le pensent, à une banale maladie de peau.

À 26 ans, Mélanie A. a déjà 18 ans de psoriasis derrière elle, une forme familiale qui a débuté au niveau du cuir chevelu, à l’âge de 8 ans. Depuis, avec l’aide de son entourage et en particulier de sa mère, elle se bat pour mener une vie normale… et elle y parvient. Habitant une ville moyenne de Seine et Marne, elle raconte ses longues journées ponctuées par les trajets pour subir la puvathérapie, par le rituel des soins, ce qui n’empêche pas des études réussies, aboutissant à un master de communication. Elle se souvient de tous ses traitements, du « tournant » représenté par une cure thermale (elle y découvre les bienfaits de l’hydratation). Elle vit avec sa maladie (au point de travailler aujourd’hui pour France Psoriasis). Par contre, elle a choisi de ne pas subir, affirmant ne pas avoir rencontré la solitude dans sa vie sociale ou sentimentale : « La maladie permet juste de faire des tris », souligne-t-elle. Elle s’est même autorisée deux séjours en Afrique, sans doute pour se prouver qu’elle pouvait le faire. Une battante donc.

Il n’est pas étonnant d’entendre Mélanie s’insurger contre une interprétation possible de l’histoire d’ÉlodIe : « Croire et faire croire que le psoriasis est une maladie essentiellement psychique. C’est une maladie qu’il faut traiter médicalement, avec les armes les plus efficaces. » Reste que Mélanie et Élodie ont beaucoup de choses en commun, à commencer par une maladie qui envahit la vie et l’esprit mais qui ne doit pas devenir une prison. Et d’ailleurs, à la fin du film, Élodie rejoint Mélanie, puisqu’elle aussi parvient de nouveau à se battre, grâce à elle-même et à son entourage.

(1) Bedrock multimedia production, avec le soutien de Celgene
Dr Alain Marié

Source : Le Quotidien du Médecin: 9454