L ES SARM ( Staphylococcus aureus résistant à la méticilline) sont devenus l'une des premières causes d'infections nosocomiales dans les hôpitaux du monde entier, avec des conséquences importantes en termes de morbidité, de mortalité et de coût. La situation est apparue particulièrement préoccupante dès lors que de telles souches ont été isolées au Japon, aux Etats-Unis et en Europe. L'étude entreprise par le service de bactériologie, virologie et hygiène hospitalière de l'Hôtel-Dieu (CHU de Nantes)*, dans un échantillon représentatif d'établissements publics de soins, a été menée dans le but de déterminer l'incidence des infections à SARM et d'évaluer les stratégies de maîtrise utilisées par les hôpitaux français contre cette infection.
Trente-huit hôpitaux tirés au sort
Pour la réalisation de ce travail, 38 hôpitaux ont été tirés au sort : 11 CHU, 7 CH de plus de 700 lits, 12 CH de 301 à 700 lits et 8 CH de 200 à 300 lits, répartis dans six zones géographiques. Ont été recueillies des données administratives, les indicateurs utilisés pour la surveillance des SARM de l'espèce Staphylococcus aureus (taux d'incidence d'infections pour 100 admissions et 1 000 journées d'hospitalisation), les résistances aux antibiotiques et les politiques de contrôle de ces infections mises en place par les établissements.
Les résultats montrent qu'en 1990, seuls 5 % des hôpitaux avaient des programmes de surveillance et de contrôle des infections à SARM, mais qu'en 1995 et 1998, ils étaient respectivement 66 et 87 % à avoir mis en place de tels programmes. Globalement, entre 1990 et 1995, des programmes ont été mis en place dans 66 % des hôpitaux français, mais l'incidence des infections à SARM est restée élevée, avec des taux pour 100 admissions de 0,37 en 1990 et de 0,40 en 1995. En 1998, l'incidence médiane des infections pour 100 admissions était de 0,55 et l'incidence pour 1 000 journées d'hospitalisation de 0,56.
Entre 1990 et 1995, les taux médians de résistance aux antibiotiques ont augmenté et on note une certaine hétérogénéité entre les hôpitaux. Ainsi, en 1998, le pourcentage médian de résistance à la rifampicine était de 15 %, avec des écarts entre les centres allant de 0 à 54 %. La même hétérogénéité était observée pour l'acide fusidique, la fosfomycine, le triméthoprime/sulfaméthoxazole et la pristinamycine. Certains hôpitaux présentaient des taux élevés de résistance.
Entre 1990 et 1998, les taux de résistance médians à tous les antibiotiques ont augmenté, hormis la gentamycine, dont le taux de résistance a commencé à diminuer significativement en 1994 (51 %) pour être de 21 % en 1998. La situation ne s'est donc pas améliorée malgré la mise en place de programme de surveillance du SARM dans 87 % des hôpitaux français. Les taux de résistance les plus élevés ont été observés dans les CHU, sauf pour la pristinamycine et le triméthoprime/sulfaméthoxazole. La vancomycine reste l'antibiotique le plus efficace pour traiter les infections à SARM.
L'étude a aussi montré que si la majorité des hôpitaux français ont mis en place des système de surveillance et de contrôle des infections à SARM depuis 1990, ils ont été lents à le faire, ce qui a été préjudiciable à un bon contrôle des infections.
Détection, isolement
Ainsi, on constate que les taux d'incidence se révèlent d'autant plus élevés que la mise en place du programme de surveillance a été tardive. « Malgré des progrès réalisés dans l'utilisation d'indicateurs de surveillance plus pertinents entre 1995 et 1998, les hôpitaux français doivent modifier leur stratégie de contrôle en détectant rapidement les patients colonisés et en mettant en place systématiquement des précautions d'isolement », écrivent les auteurs pour conclure.
* Didier Lepelletier et Hervé Richet dans « le Bulletin épidémiologique hebdomadaire », 6 février 2001.
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