L ONG de 9,20 mètres, pour un diamètre de 4,3 mètres et un poids de 15 tonnes, l'énorme module cylindrique construit par Boeing et baptisé Destiny a été arrimé à grand-peine à l'ISS par l'équipage de la navette Atlantis. Il ne lui a fallu pas moins de sept heures et quarante minutes, soit soixante-dix minutes de plus que ne le prévoyait le plan de vol initial, en raison d'un incident mineur, une fuite de cristaux d'ammoniaque, lors de la connexion d'une conduite de refroidissement.
Mais tout va bien. « C'est un grand moment de bonheur », s'est exclamé Kenneth Cockrell, le commandant de bord de la navette, avant d'ouvrir la porte du module.
Avec cette nouvelle adjonction, la station augmente son volume habitable de 41 %, se déployant désormais sur 51 mètres de long, 72 mètres de large et 27 mètres de haut, ce qui en fait la plus grande structure jamais mise sur orbite dans l'histoire de l'espace.
Découvertes d'horizons très divers
« Il est clair que les recherches qui seront réalisées à bord de Destiny vont produire des découvertes qui profiteront à l'humanité », n'hésite pas à prédire le vice-président de Boeing chargé du programme ISS, Brewster Shaw. Des découvertes dans des horizons très divers. Le laboratoire comportera en effet 24 armoires dont 13 seront spécifiquement consacrées aux expériences scientifiques dans des domaines comme les biotechnologies, les sciences humaines, la biologie fondamentale, les sciences de l'espace, l'écologie, les observations terrestres, etc.
Les expériences iront par exemple de la production en microgravité de protéines ou de cristaux à l'étude de la physiologie humaine lors des séjours de longue durée dans l'espace.
Aucune de ces expériences ne présente de caractère d'absolue nouveauté, mais la grande différence résidera dans la disposition d'un outil permanent dans l'espace, un outil sans commune mesure avec les dimensions exiguës de la station russe Mir. « C'est cela, la promesse de Destiny, note un des responsables de la NASA, Jon Cowart. Nous allons pouvoir accroître de manière importante notre capacité à découvrir des choses dont nous ignorons que nous sommes même capables de les découvrir. Regardez, a-t-il poursuivi, comme notre monde est différent de ce qu'il était en 1901. Personne, à l'époque, ne pouvait imaginer le four à micro-ondes, le téléphone cellulaire ou l'ordinateur portable. Et on ne peut même pas commencer à rêver des découvertes que l'on fera dans cent ans. Destiny est la clé qui nous fait entrer dans le futur. »
D'ici à 2006, cinq autres laboratoires doivent encore être adjoints à l'ISS pour parachever le dispositif de recherches de la station : un module américain servant de centrifugeuse et créant des degrés divers de gravité ; le laboratoire européen de recherches Columbus ; le module japonais d'expérimentation Kibo et deux modules russes.
Les jours à bord ne se ressemblent pas
«O N est un peu à l'étroit, mais l'espace est plutôt assez bien aménagé, et c'est très vivable », commente William Sheperd, le commandant américain de la mission Expedition One, qui a pris possession, le 2 novembre dernier, de l'embryon de la Station spatiale internationale, en compagnie de ses deux équipiers russes, Iouri Guidzenko et Sergueï Krikaliov. « On n'a pas vraiment l'impression d'être réellement dans l'espace, confie-t-il, si ce n'est que tout flotte en l'air. »
Une journée à bord de l'ISS ne ressemble jamais vraiment à une autre, si ce n'est qu'elle débute toujours à 6 heures GMT par quarante minutes consacrées à l'habillage et aux ablutions matinales.
Des ablutions limitées, puisqu'il n'existe pas de douche à bord de l'ISS, les astronautes disposant, à défaut, d'un savon spécial qu'ils utilisent pour se frotter la peau et les cheveux. Ils ne changent de vêtements que tous les cinq jours.
Un emploi du temps surchargé
Après le petit déjeuner, les examens médicaux et la conférence avec le centre de contrôle au sol, les activités varient, allant de l'installation ou la réparation des équipements, à la prise de mesures à l'intérieur de l'ISS, des expériences scientifiques aux photographies de sites terrestres.
Naturellement, chaque geste, comme lors de la prise des repas, fait l'objet d'une extrême précision, car il est exclu de renverser quoi que ce soit. Tout objet est fixé, soit à l'aide de crochets, soit par des bandes Velcro.
Si, à bord, sous l'effet de la microgravité, les déplacements ne requièrent qu'un effort physique infime, la perte de masse musculaire et de densité osseuse doivent être combattues par un minimum de deux heures quotidiennes d'exercices. Malgré cela, les locataires de l'ISS perdent entre 1 et 1,5 % de leur masse osseuse tous les mois.
Leur emploi du temps est surchargé, se plaignent les astronautes : les équipes au sol « planifient une activité sur une heure de temps, alors que nous savons qu'il en faut cinq », récrimine Iouri Guidzenko. De fait, les contrôleurs ont accepté d'alléger quelque peu les programmes d'activités.
Et ils ont accordé aux astronautes quartier libre pour le week-end, ce qui leur permet de bavarder au téléphone avec leurs familles, de répondre aux courriers électroniques, d'admirer le spectacle de la planète bleue à travers les hublots, et même de visionner des films sur DVD.
Principale difficulté, la difficulté des liaisons avec le sol. Mais Destiny, avec son antenne à large bande, devrait y remédier.
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