CONGRES HEBDO
L E diagnostic de surdité sévère( perte de 20 à 40 décibels) ou profonde ( au delà de 90 dB) est en général porté bien avant l'âge de 2 ans, grâce aux examens de dépistage qui se font de plus en plus systématiquement dès la naissance. « Un enfant sourd va avoir un babil jusqu'à l'âge de 9 mois, mais ce babil s'éteint ensuite, précise le Dr S. Bonnet : à partir de 9 mois, un enfant sourd va devenir muet. Par conséquent, le fait qu'un enfant émette des sons à la naissance ne doit pas totalement rassurer.
Le diagnostic se fait par potentiel évoqué auditif (PEA), étayé ensuite par une audiométrie subjective difficile à réaliser à cet âge et les renseignements sont souvent incomplets. Mais dès que le diagnostic de surdité grave est suspecté, il n'y a pas de temps à perdre : il faut idéalement commencer à appareiller un enfant sourd entre 4 et 6 mois de vie, insiste la spécialiste .
L'annonce d'un handicap important
Si le diagnostic de surdité profonde est relativement facile à porter, il est particulièrement difficile de l'annoncer aux parents : c'est la révélation d'un handicap important, mais difficilement quantifiable dans la mesure où la courbe audiométrique au casque n'est pas réalisable chez le tout petit enfant. Le plus souvent, le diagnostic n'est complet que vers l'âge de 2 à 3 ans, l'audiogramme détaillé n'étant établi qu'au terme de nombreuses consultations. Par ailleurs, le médecin doit être particulièrement vigilant et diagnostiquer sans retard d'éventuelles otites séromuqueuses associées, susceptibles d'aggraver d'environ 30 dB une perte auditive déjà importante !
Mais la prise en charge d'un enfant atteint d'une surdité grave n'est pas seulement médicale. Les autres intervenants privilégiés sont l'orthophoniste et l'audioprothésiste qui va mettre en place les prothèses auditives avec des contours d'oreille, dès que l'enfant tient sa tête, vers l'âge de 4 à 6 mois. Ce sont des prothèses surpuissantes dont on va changer les embouts tous les 4 à 6 mois chez le nourrisson, les prothèses numériques étant contre-indiquées chez le tout-petit et l'implant cochléaire réservé aux plus grands, car le conduit auditif d'un petit enfant se modifie trop rapidement.
La mise en place des prothèses permet un gain auditif idéalement d'au moins 60 dB (équivalent au seuil de perception de la voix humaine) et facilite la réalisation de la courbe auditive, dans la mesure où l'enfant va pouvoir plus facilement entendre et exécuter ce qu'on lui demande. La plupart du temps, l'enfant se met à émettre des sons dès que les prothèses sont posées. Son comportement se modifie spontanément.
L'orthophoniste, quant à lui, va effectuer une guidance parentale au moment du diagnostic. Il répond aux questions des parents sur le handicap de l'enfant et les aide à reconnaître à la fois leurs compétences de parents et celles de leur enfant malgré son déficit afin de ne surtout pas interrompre le dialogue.
« Ensuite, vers l'âge 2 ou 3 ans, on met en route l'éducation précoce, qui comprend l'éveil au bruit, la mise en place des notions de temps, d'espace et de durée et l'aide au développement psychomoteur, explique la spécialiste . Pendant ce temps, l'enfant apprend la lecture labiale qu'il va ensuite développer spontanément. Nous utilisons très peu le langage gestuel dans notre région . Néanmoins, chez le tout petit enfant, il peut être important de s'aider de quelques gestes, qui peuvent être tout à fait spontanés. L'espoir que nous formulons tous au départ, poursuit-elle, est celui de l'intégration en milieu scolaire normal. Celle-ci est parfois favorisée par l'existence de structures spécialisées comme l'ARIEDA (Association régionale d'intégration des enfants déficients auditifs) qui suit, dans notre région, les enfants à partir du CP jusqu'au baccalauréat et comprend des orthophonistes, des éducateurs, des psychologues qui aident les enfants dans leur cursus. »
D'après la communication du Dr Sylvie Bonnet, audiophonologiste (Montpellier).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature