C ONFRONTES à un cas d'encéphalopathie hyponatrémique postcoloscopie chez une femme en bonne santé de 59 ans, Clemens D. Cohen et coll. (Munich) ont cherché à préciser quel pouvait en être le risque. Pour cela, ils ont réalisé une étude chez 40 patients devant avoir une coloscopie, en réalisant des évaluations biologiques avant et après l'exploration. Vingt patients ayant subi une gastroscopie ont servi de contrôles. C'est ainsi qu'ils ont mis en évidence une incidence de 7,5 % d'hyponatrémie en association avec une augmentation des concentrations sériques d'arginine-vasopressine.
Dans le cadre de la préparation colique, les 40 patients, âgés de 57,4 ans en moyenne, ont eu à prendre 150 mg de sennoside et à boire 3 litres de liquide, la veille de la coloscopie. Le matin suivant, ils ont bu de l'eau ou des jus de fruits autant qu'ils ont voulu, ainsi que 2 à 3 litres de solution contenant du PEG et des électrolytes. On sait que cette procédure de préparation ne modifie pas la natrémie.
Des prélèvements sanguins ont été réalisés à différentes étapes.
Tous les patients présentaient des valeurs normales à la base et immédiatement avant la coloscopie. Après le geste exploratoire, on a trouvé que 7,5 % des 40 patients avaient une natrémie inférieure ou égale à 130 mmol/l. Par comparaison, aucun des patients qui ont eu la gastroscopie n'ont développé d'hyponatrémie.
Elevation de l'arginine-vasopressine
Les concentrations de base d'arginine-vasopressine étaient dans les limites de la normale pour tous les patients. Toutefois, après le lavage colique et immédiatement avant la coloscopie, dix patients ont présenté une élévation de ce paramètre, alors qu'il est resté normal chez tous les témoins. Enfin, une augmentation de l'arginine-vasopressine a été observée chez tous les patients qui présentaient une hyponatrémie.
La fonction rénale de tout le monde était normale, et on ne peut expliquer ainsi l'hyponatrémie. Mais il apparaît possible que des stimuli non osmotiques soient intervenus pour induire la sécrétion d'arginine-vasopressine et une rétention hydrique, tout en diminuant les concentrations sériques de sodium. Certains de ces stimuli sont connus, comme les nausées, la douleur, les manipulations abdominales et une hyperactivité intestinale pendant la manipulation (ces stimuli n'existent pas pendant la gastroscopie).
Les conseils qui découlent de ces observations sont de mesurer la natrémie des patients développant des symptômes psychologiques ou neurologiques après une coloscopie.
Dr Béatrice VUAILLE
« Lancet », vol. 357, 27 janvier 2001, pp. 282-283.
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