Dématérialisation des dossiers, prise en charge facilitée de patients ALD, accès à certaines spécialités en déshérence dans les déserts… La télésanté ouvre de nouveaux horizons prometteurs. Tandis que Marisol Touraine esquisse sa stratégie et que les expérimentations se multiplient, les industriels, conscients de la manne, se bousculent au portillon numérique. Impatients, les jeunes médecins attendent du concret.
« LES NOUVELLES TECHNOLOGIES sont en train de révolutionner la santé ». Ces mots sont ceux de Marisol Touraine, esquissant sa stratégie en matière de e-santé à l’occasion de Télésanté 2013*, le 28 mars. Fait significatif, 1 200 professionnels, industriels et institutionnels étaient présents… virtuellement, en direct de Rennes à Bamako en passant par Papeete et Montréal par la grâce de la visioconférence.
La ministre de la Santé mesure les enjeux. « Demain, nous pourrons opérer à distance au quotidien » et « les personnes atteintes de maladies chroniques pourront accéder à une consultation personnalisée sur leur Smartphone. » Pas question de laisser passer le train. En écho à son « pacte territoire-santé » contre les déserts médicaux, Marisol Touraine l’a répété : le numérique et les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont l’un des moyens privilégiés pour « lutter contre les inégalités territoriales de santé », et « les temps d’attente trop longs pour accéder à des consultations spécialisées ».
Territoires de soins numériques.
Le gouvernement actionne plusieurs leviers. Les 400 millions d’euros (sur cinq ans) du programme « Hôpital numérique » permettront aux établissements de moderniser leurs systèmes d’information. En parallèle, 80 millions d’euros seront consacrés à la création des « territoires de soins numériques », dans le cadre des investissements d’avenir.
Un « plan national de déploiement de la télémédecine » est dans les tuyaux. Cardiologie et dermatologie sont les deux spécialités privilégiées. « Très visuelle, notre spécialité se prête extrêmement bien à la télédermatologie », confirme le Dr Luc Sulimovic, président du Syndicat national des dermatologues.
Le dépistage de deux pathologies est au cœur de la réflexion : le cancer de la peau et l’ulcère de jambe. Formé à la reconnaissance des lésions cutanées, le généraliste prendrait des photos avec son smartphone et les transmettrait aux dermatologues pour expertise.
Autre secteur privilégié : les maisons de retraite. « C’est logique, expose Laurent Tréluyer, directeur du pôle des systèmes d’information de l’ARS Ile-de-France. Les spécialistes se déplacent peu pour deux ou trois résidents. Et ces derniers, âgés et dépendants, ont aussi des difficultés à se rendre au cabinet médical, trop éloigné ». Trois projets pilotes de télémédecine ont été lancés depuis le début de l’année sur 65 EHPAD franciliens. Ce dispositif (présenté demain à la presse), pourrait être déployé dans 12 à 18 mois en cas de succès.
Étudiants et industriels sur le pont.
Les carabins sont dans les starting-blocks. « Il est temps de passer à la phase de généralisation », encouragent-ils cette semaine. Le chemin sera long. Seuls 500 médecins pratiquent régulièrement la télémédecine.
Les industriels lorgnent en tout cas ce secteur porteur. Une vingtaine opérateurs d’envergure (Orange, SFR, Atos, Cerner...) ont rempli 1 700 pages de dossier afin d’être labélisés « hébergeurs agréés de données de santé à caractère personnel » par le ministère. Avec des millions d’euros à la clé.
* Événement organisé par le CATEL, think tank multidisciplinaire de compétences en télésanté et téléservices.
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