REFERENCE
Une panique qui peut être mortelle
Ce trouble est profondément ancré dans le comportement de celui qui en souffre et présente une caractéristique importante qui la distingue des autres phobies : la panique peut être mortelle si elle survient en milieu aquatique, par ses conséquences physiques qui peuvent entraîner la noyade (tétanie notamment). Le problème est relativement fréquent mais peu étudié car les hydrophobes ne consultent pas les psychothérapeutes. Ces personnes trouvent toujours des prétextes leur permettant d'éviter de s'aventurer en eau profonde et d'immerger la tête dans l'eau. Les facteurs les plus fréquemment en cause sont l'absence de familiarisation précoce avec le milieu aquatique, un modèle parental ou la sensibilisation anxiogène par un événement traumatique.
Exposition progressive à l'eau
La thérapie de l'hydrophobie est basée sur la technique de l'exposition progressive à l'eau, couplée à l'apprentissage des comportements adaptés en milieu aquatique. Elle est donc conduite en collaboration avec un maître nageur, en petite groupe (6 à 8 participants) durant vingt-quatre séances. L'objectif thérapeutique fixé avec le patient comporte trois étapes : apprivoiser l'eau non profonde, se déplacer en utilisant les techniques courantes (crawl, brasse) et, enfin, maîtriser la peur de l'eau profonde.
Immerger la tête, ouvrir les yeux, faire des bulles
Le patient doit effectuer une série d'exercices afin de s'habituer au contact de l'eau, aux sensations inhabituelles qui sont typiques en milieu aquatique : immerger la tête et ouvrir les yeux, expirer doucement de manière continue par la bouche et donc faire des bulles dans l'eau puis sortir la tête de l'eau et inspirer rapidement, flotter sur le dos en faisant des petits mouvements avec les mains, changer de position, se déplacer. C'est le contrôle respiratoire qui est le plus important de ces comportements et le premier abordé.
La correction des cognitions erronées
Il est nécessaire de modifier les croyances erronées concernant l'eau et le comportement aquatique par des pensées et des images plus réalistes. En sachant que les intéroceptions déplaisantes sont dues, pour une part, à l'activation neurovégétative de l'anxiété et aux perceptions liées au milieu aquatique (respiration particulière, vision troublée, etc.). Le patient va éliminer les pensées irrationnelles (« l'eau va entrer dans mes narines et mes poumons et je vais suffoquer ») ; il va pouvoir diminuer son anxiété en réussissant à se mettre en position parfaitement horizontale pour mieux sentir le flottement de son corps et expérimenter ainsi le principe d'Archimède.
Un instrument d'auto-évaluation
L'analyse fonctionnelle générale de l'hydrophobie est appliquée à chaque étape et à chaque exercice. Un instrument d'auto-évaluation permet au patient d'évaluer son degré de maîtrise et de plaisir pour chaque comportement adapté au milieu aquatique. Les progrès accomplis se maintiennent à six à douze mois après la fin du traitement.
D'après la communication du Dr Roger Zumbrunnen (Genève) à l'occasion des 28èmes Journées scientifiques de thérapie comportementale et cognitive, organisées par l'AFTCC (Association française de thérapie comportementale et cognitive).
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