Municipales 2001
I L y a les heureux et les déçus, les soulagés et les amers, les nouveaux et les reconduits, ceux qui ne s'y attendaient pas et ceux qui s'y attendaient trop. Ceux enfin dont le sort - cruel ou clément - était réglé dès le premier tour. Pour les centaines de médecins qui conduisaient des listes aux municipales, l'heure des bilans a sonné. Voici, sommairement brossé, pour les principales villes et sans que l'on puisse prétendre à l'exhaustivité, l'état de la France médicale engagée en politique locale.
LE CAMP DES ELUS
A Toulouse, le Pr Douste-Blazy (UDF) l'a finalement emporté assez nettement (55,12 % des voix) sur un autre médecin, le Dr François Simon (PS) à l'issue d'un duel que l'on présentait volontiers comme incertain. L'ancien ministre de la Santé et de la Culture, qui a bénéficié du bon bilan du maire sortant, Dominique Baudis, a su mobiliser la droite et, sans doute, une partie de l'extrême droite. La fusion de la liste du Dr Simon avec celle conduite par Salah Amokrane (Motivé-e-s) a aussi facilité la tâche de Philippe Douste-Blazy qui a utilisé le thème des « dangers de l'extrême gauche » et dont certains proches ont recouru, semble-t-il, durant la dernière semaine, à une thématique raciste.
La victoire de Douste-Blazy va donner des ailes à ce chiraquien de l'UDF. Au grand déplaisir de son perpétuel rival, François Bayrou.
Autre grande ville dont le sort paraissait incertain, du moins avant le premier tour : Nancy. Dans la métropole lorraine, le Dr André Rossinot (UDF), qui fut naguère l'un des responsables de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), peut finalement entamer son quatrième mandat : il obtient 50,8 % des voix lors d'une triangulaire.
Parmi les médecins réélus, il faut citer le cas du Dr Claude Malhuret (DL) à Vichy. L'ancien secrétaire d'Etat aux droits de l'homme commence donc son troisième mandat dans la ville thermale. Il remporte 42,3 % des voix devant son adversaire PRG. L'avocat Gilbert Collard, qui a tenté de jouer les trouble-fêtes dans cette bataille et qui s'était maintenu au second tour, réunit 19 % des suffrages. Est également réélu également à Saint-Maur-des-Fossés (94), l'indéboulonnable Pr Jean-Louis Beaumont, maire depuis 25 ans. Désavoué par l'UDF, ce divers droite était opposé à un socialiste mais aussi à un UDF et à un RPR. Il entame son sixième mandat avec 29,4 % des suffrages dans cette ville de banlieue très marquée à droite.
Réélue également, l'un des rares médecins maires communistes sortants, le Dr Jacqueline Fraysse (PC) qui, avec 45 % de suffrages, conserve la mairie de Nanterre. Cette cardiologue, député, spécialiste des questions de santé, fait plutôt bonne figure dans un contexte marqué par la déconfiture communiste.
Député UDF du Var, ancien maire de Bandol, baron de la vie politique locale, spécialiste des questions de défense, le Dr Arthur Paecht (UDF), ancien médecin des hôpitaux à Toulon, réussit, de son côté, à faire tomber La Seyne-sur-Mer, qui était dirigée depuis 1995, par le communiste Maurice Paul.
C'est un autre médecin qui enlève un autre bastion communiste : à Sète, en effet, le Dr François Commeinhes (divers droite), gynécologue de 52 ans, directeur de la polyclinique Sainte-Thérèse et nouveau venu en politique, obtient 52 % des suffrages et devance le maire communiste sortant, François Liberti, créant ainsi la surprise et ajoutant au désarroi communiste.
A Saint-Benoît (La Réunion), dans un DOM où la gauche cède beaucoup de terrain, c'est également un médecin de droite qui devance un maire sortant de gauche. Le Dr Bertho Audifax (UDF), généraliste de 55 ans, ancien conseiller régional, ravit la mairie, à gauche depuis dix-huit ans, au socialiste sortant Philippe Leconstant. Le Dr Audifax est également élu conseiller général.
A gauche aussi, quelques médecins parviennent à prendre des mairies à la droite. Le cas le plus remarquable est celui du Dr Simon Renucci (divers gauche) qui conquiert la mairie d' Ajaccio, à droite depuis deux cent onze ans. Il s'impose avec 48 % des voix, face au maire sortant Marc Marcangeli, bonapartiste soutenu par le RPR. Pédiatre unanimement respecté, homme de conviction et de tolérance, pourfendeur du clientélisme, Simon Renucci, qui fut président (CSMF) de l'union régionale des médecins libéraux, s'est depuis longtemps investi dans la politique locale. Il avait créé la surprise, en mars 1999, lors des élections territoriales en obtenant 10 % des voix avec une liste dissidente de gauche.
Autre médecin de gauche s'emparant d'une ville de droite : le Dr François Blanc (PS), 57 ans, médecin ORL, a profité de la présence de quatre listes au second tour pour conquérir la mairie de Salon-de-Provence, détenue jusqu'alors par l'UDF. C'est aussi en mettant à profit la division de la droite et une situation locale passablement embrouillée que le Dr Jérôme Cahuzac, député PS, ancien conseiller de Claude Evin lorsqu'il était ministre de la Solidarité, s'empare de la mairie de Villeneuve-sur-Lot.
Dans le treizième arrondissement de Paris, la liste conduite par le Dr Serge Blisko, député PS, triomphe de la liste séguiniste conduite par le Pr Françoise Forette, gérontologue.
Enfin, il convient de rappeler que dans une bataille symbolique, celle de Dole, le Dr Gilbert Barbier (UDF) avait été réélu dès le premier tour face au Dr Dominique Voynet, ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire.
LE CAMP DES VAINCUS
Outre le cas déjà mentionné du Dr François Simon (PS), battu à Toulouse, dans une autre ville phare de cette élection, Lyon, le Pr Jean-Michel Dubernard (RPR), qui conduisait les listes de droite pour le second tour, ne sera pas maire de la capitale des Gaules. La droite a payé le prix de ses divisions et de son alliance avec Charles Millon. Maigre consolation pour le chirurgien, auteur de la première greffe de mains : sa liste est arrivé en tête dans le 3e arrondissement.
Battu également - c'est une dure défaite pour la gauche- , le Dr François Picheral (PS), qui était donné vainqueur, doit s'incliner, à Aix-en-Provence, devant la liste d'une avocate divers droite, Maryse Joissains, qui obtient 50,5 % des suffrages. Le Pr Bernard Debré (RPR), ancien ministre, perd, lui, la mairie d'Amboise, qui était depuis des décennies le bastion du clan Debré. Le Pr Debré, moins chanceux que son frère Jean-Louis, qui ravit la mairie d'Evreux au parti communiste, doit s'incliner devant son adversaire divers gauche. Le Dr Philippe Nauche, député PS, médecin urgentiste, échoue dans sa tentative de conquête de Brive-la-Gaillarde qui reste entre les mains du sénateur RPR Bernard Murat, ancien responsable des questions de santé dans son parti. A Vitrolles, l'absence de front républicain et la désunion de la gauche avant le premier tour permettent à Catherine Mégret (MNR) de conserver la mairie de cette municipalité qui est, avec Marignane, l'une des deux villes mégretistes : le Dr Dominique Tichadou (PS) ne recueille que 44 % des suffrages alors que la maire sortante en obtient 45 %.
Rappelons enfin que, lors du premier tour, outre le cas du Dr Dominique Voynet, déjà mentionné, battue à Dole, le Pr Jean-Luc Harousseau (UDF) avait été largement devancé, à Nantes, par la liste socialiste de Jean-Marc Ayrault (PS), réélu dès le premier tour.
Ces résultats, qui ne sauraient être exhaustifs tant il est difficile de recenser la profession des candidats, confirment que, parmi les maires médecins de villes de plus de 30 000 habitants, la plupart appartiennent à des formations de droite.
(Analyse politique en page 31.)
Santé et protection sociale : le sort des personnalités
Outre la ministre de l'Emploi et de la Solidarité, Elisabeth Guigou, battue de manière retentissante en Avignon, et le Dr Dominique Voynet, ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire, battue à Dole dès le premier tour, plusieurs personnalités s'occupant ou s'étant occupées de problèmes de santé étaient engagées dans la bataille des municipales.
Dominique Gillot,secrétaire d'Etat à la Santé et aux Handicapés, l'emporte de justesse à Eragny (Val-d'Oise) avec trois voix d'avance. Edmond Hervé, ancien secrétaire d'Etat à la santé est réélu sans difficulté maire de Rennes. En revanche, Bernard Charles, pharmacien, député PRG, perd la mairie de Cahors. Ancien ministre des Affaires sociales, Jean-Louis Bianco, conserve la mairie de Digne.
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