L E procédé a déjà été utilisé dans d'autres affections cérébrales accidentelles. Mais en ce qui concerne les traumatismes crâniens, deux études sur le refroidissement du patient n'avaient pu réellement conclure.
C'est à cette tâche que se sont attelés Guy L. Clifton et coll. (Etats-Unis). Leurs travaux* vont dans le sens d'une inefficacité de la technique sur le pronostic à six mois.
Les travaux antérieurs péchant par leur faibles effectifs, 392 traumatisés crâniens ont été enrôlés dans 11 hôpitaux américains. Agés de 16 à 65 ans, tous dans le coma, ils ont été randomisés afin soit de subir une hypothermie et des soins classiques, soit juste les soins. L'hypothermie devait atteindre 33 ° et être débutée dans les six heures après l'accident. Le patient étant maintenu ainsi pendant quarante-huit heures, par une réfrigération externe (glace, lavage gastrique froid, climatisation).
En moyenne, les patients des deux groupes ont été pris en charge en un peu plus de quatre h et les 33 ° ont été atteints en 8,4±3 h.
Les conséquences ont été sévères chez 57 % des sujets des deux groupes, qu'il s'agisse de handicap lourd, d'état végétatif ou de décès. La mortalité, d'ailleurs, a été chiffrée à 28 % dans le groupe hypothermie et 27 % dans l'autre groupe. L'hypothermie a conduit à des hospitalisations plus prolongées avec des complications. En revanche, elle a permis de noter moins d'hypertensions intracrâniennes.
Les auteurs, dans leur conclusion, font une différence entre les sujets admis déjà en hypothermie et ceux qui ne l'étaient pas. Ils constatent qu'abaisser la température centrale de sujets en normothermie n'est effectivement pas bénéfique. Il en va de même pour le réchauffement des sujets arrivés en hypothermie. Ils estiment que ces derniers sont les plus gravement atteints, et donc à plus mauvais pronostic. Les refroidir procure, certes, une neuroprotection, d'autant que la température cible (33 °) est atteinte plus rapidement. Il faut donc bien éviter de les réchauffer, mais cela ne prévient pas le mauvais pronostic.
* « New England Journal of Medicine », vol. 344, 22 février 2001, p. 556-562.
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