"Travailler encore"... Le quotidien d'un généraliste de Lozère sur France 3

Publié le 21/05/2017
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Crédit photo : Capture d'écran France 3

En regardant ces deux soignants, on se dit que, décidément, la vocation, c’est pas du bidon… France 3 consacrera lundi 22 mai une journée entière avec l'emploi pour fil rouge. Dans "travailler encore", un documentaire qui sera diffusé en soirée on découvre ainsi un producteur laitier en Auvergne, un ouvrier d'une scop près de Carcassonne, un patron pêcheur du Finistère, une metteuse en scène de théâtre à Stains, mais aussi une infirmière du Nord et un médecin de campagne en Lozère. Le "casting" retenu par Jean-Thomas Ceccaldi repose sur un dénominateur commun : le sens du travail dans la vie de tous ces gens, l'équilibre qu'il leur donne et le lien social sans lequel ce sens n'existerait pas. Tous aussi évoquent les difficultés et le manque de moyens.

Le documentaire a d'abord suivi un médecin généraliste de 64 ans installé au fin fond de la Lozère. Bernard Brangier exerce à St Alban-Sur-Limagnole depuis 34 ans. Plus qu’un métier c’est pour lui comme une respiration. « Depuis l'âge de 12-13 ans, j’ai toujours voulu prendre soin des gens et j’ai senti que la seule manière de le faire était de devenir médecin. » Le médecin de famille est filmé au cabinet et en visites. Devant la caméra, il dit son amour de la campagne et des populations qu’il assiste : « moi ce que j’aime, c’est prendre mon temps et écouter les gens et essayer de trouver des solutions au-delà de l’ordonnance », explique-t-il. Grandeur et servitude de ce métier de médecin de campagne dont il parle pourtant avec une grande sobriété : « je fais un peu plus de cardio, un peu plus de pédiatrie, un peu plus de psychiatrie, un peu plus de gynéco qu’un médecin installé en ville, » explique-t-il.

Même vie altruiste chez Fatima, infirmière dans une résidence médicalisée pour personnes âgées à Arras, qui explique avoir opté pour cette carrière après que son accouchement difficile lui avait fait découvrir la grande sollicitude des soignants. « Je suis heureuse. À aucun moment je n’ai regretté. Je pense que c’était le métier qu’il me fallait », dit-elle, définitive, filmée au milieu de ces personnes âgées dont elle s’occupe quotidiennement. « C’est plus important de prendre cinq minutes que de donner le cachet pour calmer cette angoisse », explique-t-elle, souriante aux journalistes de France télévision.

Pour Bernard comme pour Fatima, la vie n’est pourtant pas tout à fait une sinécure. Ils s’en expliquent, l’un l’autre. Bernard Brangier décrit des journées à rallonge, début avant 7 heures, retour rarement avant 21 heures… Il explique avoir passé 15 ans pratiquement sans pause même les week-ends et fait toujours 50 à 100 km par jour… Mais il suggère que le plus dur pour lui est d’être passé de deux confrères à lui tout seul il y a quelques années… En écho, Fatima raconte le rythme hospitalier dans un service de gériatrie, avec deux infirmières pour 85 patients âgés…

Enthousiasme et gravité

Pour l’un comme pour l’autre l’enthousiasme est intact. De ce point de vue, le reportage s'inscrit en faux contre la sinistrose ambiante. Mais, pour le réalisateur comme pour ses sujets, pas question de tomber dans l'angélisme pour autant. Comment en est-on arrivé là, suggère le reportage qui insiste sur les difficultés de la démographie des soignants, tant à l'hôpital qu'en campagne ? Chez ces derniers le reproche affleure. Bernard Brangier n’en veut guère aux jeunes professionnels qui délaissent ces coins reculés de l’hexagone. Il est même admiratif du volontarisme de Lucile, sa jeune interne, qui a décidé de s'installer un peu plus loin en zone rurale. Mais il fait grief aux pouvoirs publics de n’avoir rien anticipé pour ces secteurs. Il espère que demain les MSP auront suffisamment d’attrait pour inverser la donne. On veut le croire…

Deux courtes séquences à ne pas manquer, même si l'horaire, 23 h 30 est un peu tardif. À cette heure-là, beaucoup de gens dormiront déjà. Bernard comme Fatima seront peut-être au travail… Mais pour les autres, on pourra aussi retrouver le reportage sur le web.


Source : lequotidiendumedecin.fr